Honoré DAUMIER

les rois du pinceaux, du ciseau et de la lentille vous en mettent plein la vue !

Modérateur : Flo

Avatar de l’utilisateur
Flo
Administrateur
Messages : 5877
Inscription : 06 juil. 2006 23:07
Localisation : GPS
Contact :

Honoré DAUMIER

Message par Flo »

Honoré DAUMIER
(1808 - 1879)

Image
Daumier vers 1855 - photographie de Nadar

"Honoré Daumier, peintre, caricaturiste et sculpteur français, né à Marseille en 1808, mort à Valmondois en 1879. D'abord saute-ruisseau chez un huissier, puis commis libraire, Daumier fait son apprentissage chez un imprimeur lithographe, et étudie les maîtres ( Rubens, et Goya en particulier), au Louvre.
Républicain convaincu, il participe à la révolution de Juillet 1830 et réalise ses premières caricatures politiques pour le journal La Caricature. deux ans plus tard, il est condamné à six mois de prison pour son dessin de Louis-Philippe en Gargantua.

Image

En 1835, la loi contre la liberté de la presse l'oblige à s'orienter vers la caricature de mœurs : séries des Mœurs Conjugales Robert Macaire ( 1839-1842), Scènes parlementaires (1843), Gens de justice, Les Bons Bourgeois ( 1845-1848), etc.
Il travaille également pour Le Charivari, qui le congédie en 1858, puis le reprend cinq ans plus tard.
Eternellement pauvre, l'artiste finit par s'installer à Valmondois, où Corot lui fait cadeau d'une maison.
L'exposition rétrospective que Durand-Ruel lui consacre en 1878 ne connaît aucun succès auprès du public.
Daumier meurt aveugle l'année suivante, âgé de soixante et onze ans.
Sa production lithographique ( environ quatre mille pièces) où la verve polémique est soutenue par la force graphique et expressive du dessin, a injustement occulté sa peinture dans laquelle il fait preuve d'une originalité et d'une liberté formelle inédites à son époque. Les mêmes qualités se retrouvent dans son œuvre sculpté : Ratapoil (1850)"

" L'Aventure de l'Art au XIXème siècle" Editions du Chêne Hachette sous la direction de J.L. Ferrier 1991 (extrait p.873)



Image
Le montreur d'estampes

Image
Don Quichotte, 1870 - Huile sur toile - 52 x 32,6 cm

Image
Don Quichotte et la mule morte, 1867
Image
"La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe." J. Prévert
peintures du Flo Aux Arts! etc.

camomille
Messages : 282
Inscription : 09 avr. 2009 18:14
Localisation : Juste en dessous de chez Dieu

Re: Honoré DAUMIER

Message par camomille »

Est ce que quelqu'un a vu parmi vous, l'expo consacrée à Edward Munch à la pinacothèque de Paris ? C'est absolument magnifique... Torturé certes, mais fabuleux ! Quel artiste c'était, quand même !! comme son nom l'indique, l'anti cri, pour montrer qu'il n'a pas poussé les mêmes cris tout le temps...

Avatar de l’utilisateur
Flo
Administrateur
Messages : 5877
Inscription : 06 juil. 2006 23:07
Localisation : GPS
Contact :

Re: Honoré DAUMIER

Message par Flo »

non, je ne l'ai pas vu. J'ai quand même eu la chance de voir la rétrospective Münch au musée d'Orsay en 1991/92...

mais quel est le lien avec Daumier ? :D
Image
"La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe." J. Prévert
peintures du Flo Aux Arts! etc.

camomille
Messages : 282
Inscription : 09 avr. 2009 18:14
Localisation : Juste en dessous de chez Dieu

Re: Honoré DAUMIER

Message par camomille »

Aucun lien avec Daumier, je voulais juste dire que l'expo de Munch est sympa à voir..Cela dit Daumier, j'aime beaucoup...

Avatar de l’utilisateur
Flo
Administrateur
Messages : 5877
Inscription : 06 juil. 2006 23:07
Localisation : GPS
Contact :

Re: Honoré DAUMIER

Message par Flo »

J'ai trouvé un lien entre Münch et Daumier !!! :D (voir en caractère de couleur)

Daumier, peintre de la comédie humaine
Dominique Widemann - L'Humanité - 30 octobre 1999

Les Galeries nationales du Grand Palais consacrent une rétrospective à l’artiste. Une occasion rare de découvrir toutes les facettes de son art.

Il fut l’un des plus grands caricaturistes du siècle dernier. Mais son ouvre témoigne aussi de ses talents de peintre, de dessinateur et de sculpteur. Cette manifestation est la plus importante depuis 1934 et lui rend enfin justice.

" Il faut être de son temps. " Ainsi Honoré Daumier, par ailleurs peu causant, résumait-il son credo. Sous le laconisme du propos frémissent l’œuvre et l’engagement d’un homme. Notre mémoire estime plus volontiers chez lui l’esprit frappeur que l’artiste en travail, pionnier d’une esthétique qu’il déclinera non seulement dans ses lithographies mais dans ses toiles et sculptures. Avec plus de trois cents pièces exposées sous la houlette des commissaires Henri Loyrette et Michel Pantazzi, les Galeries nationales du Grand Palais lui rendent le lustre qui, entouré des volutes du scandale, avait enluminé ses débuts et n’avait de son vivant cessé de ternir, jusqu’à l’oubli.

C’est bien son temps que Daumier stigmatise, ne l’illustrant pas, le fouaillant au contraire jusqu’aux tréfonds pour en arracher l’essentiel, les traits forts qu’il restitue en traits de génie. Vocable aujourd’hui consensuellement attribué au grand caricaturiste, moins souvent alloué à ses talents de sculpteur et de peintre. L’engagement républicain de Daumier, présent dès ses premières réalisations vers 1830, fera subir à la notoriété de son art les aléas de l’histoire.

Sur les planches que publie le journal de Charles Philipon, la Caricature politique, morale et littéraire, Daumier fustige un Louis-Philippe piriforme et glouton. L’entourage royal et les seconds couteaux de cette monarchie oppressive et cupide passent au fiel de Daumier. Il en cloue les grimaces, tord le nez de leurs hypocrisies, aspire du fond de leurs mâchoires carnassières les masques dont ils s’affublent. Il se fait rattraper par la censure et écope de six mois de prison à Sainte-Pélagie pour une lithographie intitulée Gargantua, qui, en 1831, dénonce un monarque aux appétits rabelaisiens, langue tendue au-dessus de la panse, ratissant des brouettes de richesses qu’une théorie de valets charge jusqu’à l’auguste bouche. Le peuple, dépenaillé, amasse au pied du trône percé les écus nourriciers. Les débuts de Daumier, présentés en ouverture de l’exposition du Grand Palais, signent son intelligence critique, mais aussi le raffinement de son dessin, les subtils clairs-obscurs de sa gravure, et son sens incroyable de l’observation. Il faut bien être " de son temps " pour en extraire ainsi les vérités assassines.

Image
Gargantua, 1835

L’époque de Daumier est celle du romantisme, du réalisme et de l’impressionnisme, de la nouvelle peinture. Les étoiles qui la constellent se nomment Delacroix, que Daumier vénérait et dont il inspire sa composition picturale ; Corot, qui fut son ami ; Courbet, Manet, Degas et Millet. Parmi la galaxie qui l’environnait, on trouve aussi des sculpteurs comme Daubigny ou Meissonier, des écrivains : Balzac, Michelet et Baudelaire. Ce dernier versifiait son hommage à Daumier : " C’est un satirique, un moqueur/Mais l’énergie avec laquelle/Il peint le Mal et sa séquelle/prouve la beauté de son cœur. " Au bout de ce cœur agit une main impitoyable qui ne faillit jamais en irriguant la forme de vigueur. Les lithographies prennent corps dans les volumes des moulages qu’exécute Daumier de 1832 à 1835, galerie de bustes burlesques réunis sous le titre Célébrités du juste milieu. Ces maquettes sculptées en terre cuite coloriée, préparatoires aux caricatures d’hommes politiques sont présentées sous verre au Grand Palais. La salle en rotonde permet de ressusciter la déambulation du badaud qui s’en amusait devant les vitrines de la Caricature, rue Vero-Dodat. La charge de Daumier est féroce. Les trognes exsudent les bouffissures de la vanité. Une cravate bourgeoisement nouée compresse le menton renfrogné, la fausseté d’un regard luit dans l’oil mi-clos sans que jamais le détail n’égare. La force de l’expression est telle qu’elle dépasse tout constat, créant des " types " universels. L’effet comique se double de son envers, la cruauté faite aux victimes du pouvoir corrompu.

Car Daumier ne manque pas de compassion, mais la réserve au peuple dont la vie quotidienne se déroule sous ses yeux. Il n’en manque pas une avanie. En avril 1834, le vote d’une loi qui restreint le droit d’association provoque une insurrection. Rue Transnonain (aujourd’hui rue Beaubourg), on dresse des barricades. Un coup de feu part d’un immeuble. La soldatesque en massacre tous les habitants. Daumier s’insurge en créant une scène d’un réalisme abominable. Le cadavre ensanglanté du père écrase celui du nourrisson. Un rai de soleil baigne le crime tandis que de part et d’autre de sa lumière, un vieillard et une femme rejoignent définitivement les ombres. On ne rit plus. Pas plus que devant le bas-relief des Fugitifs, réalisé vers 1850, et le tableau éponyme peint aux alentours de 1865. Inspirés de la répression du soulèvement de juin 1848, qui déporte vers l’Algérie plus de cinq mille personnes, les ouvres de Daumier avec leurs cohortes que fracasse une irrépressible tempête, disent tous les exodes du monde.

Image

Si les tenants du " grand art " nient le plus fort de ses talents, Daumier se voit offrir en 1848, lorsque ses amis politiques arrivent au pouvoir, la gloire de symboliser " la figure de la République ". Courbet va jusqu’à se retirer du concours lancé pour ne pas le gêner. Daumier refuse et la toile reste à l’état d’esquisse. Il dédaignera pareillement toute décoration honorifique. Écœuré par le massacre des socialistes en juin 1848, il s’engage sur d’autres voix, poursuit ses lithographies satiriques que publie le Charivari, successeur de la Caricature interdite depuis 1834. Dès ce moment-là, il s’était livré à l’étude de mœurs au travers de planches en série : les Bas-bleus ou Mœurs conjugales. Vices et fausses vertus de la vie bourgeoise, de la magistrature en prennent pour leur grade. L’écho de ses coups de dents grince encore. Advient le Second Empire et Daumier invente le personnage de " Ratapoil " pour ridiculiser à son aise le prince-président. Mais il se tourne de plus en plus vers la peinture, apprise en autodidacte. À l’instar des impressionnistes, mais à sa manière, il se saisit du thème des chemins de fer qui file vers Barbizon, pose son oil curieux sur ses voyageurs. Surtout, à partir des années soixante, il puise son inspiration dans les travaux et les jours. La Blanchisseuse ploie sous le poids de son baluchon et celui des hauts murs gris qui ceignent le cadre du tableau. Dans le Fardeau, tandis que le soleil l’écrase, elle se libère d’un cri que Münch fera hurler. Il peint le labeur et le loisir, l’amateur d’estampes et des parades de saltimbanques - thème récurrent - dont il vœusse à mesure les silhouettes biscornues. Son Homme à la corde éclate de vitesse, comme un geste de Rembrandt. Un éclair orange dans les plis d’une jupe et c’est Goya, sous un coin de ciel mordoré. Une croupe de cheval que monte un palefrenier dans l’Abreuvoir, c’est Géricault qui résonne. En même temps, Daumier multiplie scènes de tribunaux et de théâtre, métaphores d’une société en représentation que fardent les conventions.

Image

Il atteint à son idéal en noyant dans le ciel ses Don Quichotte, traduisant par ces nuées brossées qui se confondent avec l’aridité absolue de la terre, le conte philosophique de la condition humaine écrit par Cervantés dont il est un fervent lecteur. Picasso lui paiera tribut, mais aussi Degas ou Toulouse-Lautrec, plus proches dans le temps. C’est de toute façon après sa mort, en 1879, que sa maîtrise sera louée. Ses amis avaient bien tenté, l’année précédente, une exposition de son ouvre à la galerie Durand-Ruel sous la présidence d’honneur de Victor Hugo. Ce sera un gouffre. Daumier, aveugle, vivotait depuis deux ans dans sa campagne de Valmondois d’une petite pension accordée par l’État à l’ancien délégué des Beaux-Arts à la Commune. Il y est inhumé avant que sa dépouille ne soit transférée au Père-Lachaise. Ces deux enterrements amorcent un siècle d’ignorance qui occultera une grande partie de sa production artistique. Les diverses manifestations d’hommage ont été le plus souvent partielles. Les grandes rétrospectives se sont tenues à Berlin en 1926 et en 1961 à Londres. Paris le fait enfin renaître de ses cendres et le plaisir ne réside pas seulement où l’on savait déjà le trouver.
Image
"La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe." J. Prévert
peintures du Flo Aux Arts! etc.

Répondre