Gérard GAROUSTE
Publié : 29 nov. 2006 01:40
Gérard Garouste
Garouste devant un futur carton de tapisserie - Photo Michel Moine, oct.2005
Né le 10 mars 1946 à Paris.
Vit et travaille à Marcilly-sur-Eure.
De 1965 à 1972, il est élève des Beaux-Arts de Paris.
Il y a peu appris, dit-il, et perdu beaucoup de temps.
La découverte de Dubuffet et de l’art brut lui inspire ses premiers dessins. Il étudie les dessins d’Alechinsky, puis converti par Duchamps, entre dans ce qu’il appelle «ma période conceptuelle». «J’en suis sorti, explique t’il, à la fin des années 70, en partie sous l’influence de Chirico... J’ai été ébahi par ses tableaux, ses vues de Venise, ses faux Guardi, ses natures mortes. La période métaphysique m’intéresse infiniment moins que cette époque-là de son oeuvre... Il m’est alors apparu que Chirico m’aidait à sortir du modernisme parce qu’il me libérait de Duchamp et de Picasso. Non pas que je n’admire pas Picasso : c’est un génie évidemment, le génie de ce siècle. Mais rien ne pousse à l’ombre des génies. Quand je vois Picasso, j’ai envie de l’admirer et de renoncer à peindre. Quand je vois Chirico, j’ai envie de peindre. Voilà toute la différence.
Picasso a su tout tenter et tout réussir. Il a joui de la liberté absolue. Mais la liberté désormais ne permet plus rien. Mieux vaut une prison étroite. Je préfère désormais m’enfermer dans des limites serrées plutôt que de me perdre.»
Propos recueillis par Philippe DAGEN - Le Monde, 11 et 12 août 1991
Colomba, 1981 - huile sur toile - 250 x 300 cm
Aujourd’hui, il pratique la peinture à l’huile, la gouache, la gravure, la sculture : Gérard Garouste considère que ces différentes techniques s’épaulent et se prolongent les unes les autres.
«Parce qu’il aime changer d’atelier chaque fois qu’il change de discipline et qu’il pratique ensemble la peinture à l’huile, la gouache, la gravure et la sculpture, Gérard Garouste habite depuis près de dix ans [l’article date de 1991] une grande bâtisse dans un parc, en lisière d’une forêt entre Beauce et Normandie. Dans la maison - ce que l’on nommait autrefois «maison bourgeoise» ou «maison de maîtres» - ses œuvres occupent l’entrée, le salon et deux pièces, l’une pour l’eau-forte, l’autre pour la gouache. Dans le parc, il a d’abord fait construire un atelier pour peindre, puis quand il a cédé à l’envie de la sculpture, un second, plus moderne et monumental où, en février dernier, il a déménagé ses toiles afin de les continuer à l’abri de la poussière et des outils coupants du forgeron et du modeleur.
Lui rendre visite, c’est aller d’un bâtiment à l’autre, traverser et retraverser le jardin plusieurs fois afin de se convaincre par l’expérience de la vérité du principe que Garouste se plaît à affirmer avec force : chaque technique nourrit la pratique des autres. Sur le cuivre, il s’aventure à la recherche d’un dessin qui doit, plus tard servir à esquisser un tableau.
L'antipode / La ville mensonge
1999/00 - huile sur toile - 130 x 90 cm
«Ce que j’expérimente actuellement dans mes gouaches, où les figures sont plus nettes, plus réalistes presque, passera dans ma peinture l’année prochaine, peut-être, et dans mes sculptures dans deux ou trois ans. Entre mes différentes techniques, il n’y a pas de rupture. Elles s’épaulent et se prolongent les unes les autres.»
La prostituée aux anamorphoses, 1999/00 - huile sur toile, 89 x 116cm.
Garouste devant un futur carton de tapisserie - Photo Michel Moine, oct.2005
Né le 10 mars 1946 à Paris.
Vit et travaille à Marcilly-sur-Eure.
De 1965 à 1972, il est élève des Beaux-Arts de Paris.
Il y a peu appris, dit-il, et perdu beaucoup de temps.
La découverte de Dubuffet et de l’art brut lui inspire ses premiers dessins. Il étudie les dessins d’Alechinsky, puis converti par Duchamps, entre dans ce qu’il appelle «ma période conceptuelle». «J’en suis sorti, explique t’il, à la fin des années 70, en partie sous l’influence de Chirico... J’ai été ébahi par ses tableaux, ses vues de Venise, ses faux Guardi, ses natures mortes. La période métaphysique m’intéresse infiniment moins que cette époque-là de son oeuvre... Il m’est alors apparu que Chirico m’aidait à sortir du modernisme parce qu’il me libérait de Duchamp et de Picasso. Non pas que je n’admire pas Picasso : c’est un génie évidemment, le génie de ce siècle. Mais rien ne pousse à l’ombre des génies. Quand je vois Picasso, j’ai envie de l’admirer et de renoncer à peindre. Quand je vois Chirico, j’ai envie de peindre. Voilà toute la différence.
Picasso a su tout tenter et tout réussir. Il a joui de la liberté absolue. Mais la liberté désormais ne permet plus rien. Mieux vaut une prison étroite. Je préfère désormais m’enfermer dans des limites serrées plutôt que de me perdre.»
Propos recueillis par Philippe DAGEN - Le Monde, 11 et 12 août 1991
Colomba, 1981 - huile sur toile - 250 x 300 cm
Aujourd’hui, il pratique la peinture à l’huile, la gouache, la gravure, la sculture : Gérard Garouste considère que ces différentes techniques s’épaulent et se prolongent les unes les autres.
«Parce qu’il aime changer d’atelier chaque fois qu’il change de discipline et qu’il pratique ensemble la peinture à l’huile, la gouache, la gravure et la sculpture, Gérard Garouste habite depuis près de dix ans [l’article date de 1991] une grande bâtisse dans un parc, en lisière d’une forêt entre Beauce et Normandie. Dans la maison - ce que l’on nommait autrefois «maison bourgeoise» ou «maison de maîtres» - ses œuvres occupent l’entrée, le salon et deux pièces, l’une pour l’eau-forte, l’autre pour la gouache. Dans le parc, il a d’abord fait construire un atelier pour peindre, puis quand il a cédé à l’envie de la sculpture, un second, plus moderne et monumental où, en février dernier, il a déménagé ses toiles afin de les continuer à l’abri de la poussière et des outils coupants du forgeron et du modeleur.
Lui rendre visite, c’est aller d’un bâtiment à l’autre, traverser et retraverser le jardin plusieurs fois afin de se convaincre par l’expérience de la vérité du principe que Garouste se plaît à affirmer avec force : chaque technique nourrit la pratique des autres. Sur le cuivre, il s’aventure à la recherche d’un dessin qui doit, plus tard servir à esquisser un tableau.
L'antipode / La ville mensonge
1999/00 - huile sur toile - 130 x 90 cm
«Ce que j’expérimente actuellement dans mes gouaches, où les figures sont plus nettes, plus réalistes presque, passera dans ma peinture l’année prochaine, peut-être, et dans mes sculptures dans deux ou trois ans. Entre mes différentes techniques, il n’y a pas de rupture. Elles s’épaulent et se prolongent les unes les autres.»
La prostituée aux anamorphoses, 1999/00 - huile sur toile, 89 x 116cm.