Henriette NIEPCE

les rois du pinceaux, du ciseau et de la lentille vous en mettent plein la vue !

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Re: Henriette NIEPCE

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Henriette Niépce nous a quitté jeudi :sad:
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Re: Henriette NIEPCE

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Vous faites bien ce que vous voulez mais je vous invite fortement à aller voir les photos d'Antonella Monzoni sur Henriette Niépce : Madame.
Vous en profiterez certainement pour découvrir l'ensemble du travail de cette photographe particulièrement douée ;)


RULLY
Henriette Niépce n’est plus

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Un portrait d’Henriette Niépce photographiée par sa sœur Janine en 1944.
Photo Janine Niépce


Installée à Rully depuis les années 1960, Henriette Niépce est décédée mercredi. Peintre, galeriste, puis viticultrice, cette avant-gardiste n’avait fait découvrir son œuvre qu’en 1995.


Lointaine cousine de Nicéphore, Henriette Niépce est décédée jeudi après 94 ans d’une vie riche, intense et surprenante. Née en 1916, elle baigna rapidement dans un monde d’artistes grâce à son père, qui devint décorateur pour l’Opéra de Paris et les studios de cinéma de Billancourt qu’il avait créés. La jeune fille se destinait à la sculpture et suivit des études aux Beaux-Arts. Finalement, c’est à travers la peinture qu’elle s’exprima tout au long de sa vie, commençant par du figuratif puis adoptant un langage plus abstrait après son retour en Saône-et-Loire dans le berceau familial, à Rully en 1960. À Paris, elle côtoya intellectuels et artistes comme Jean-Paul Sartre, Paul Éluard, Aragon ou Boris Vian. Elle épousa Gillo Pontecorvo, réalisateur de « Queimada » et de « La Bataille d’Alger ». Dans les années 1950, Henriette ouvrit une galerie d’art à Paris. Elle fut aussi antiquaire. À Rully, tout en continuant à peindre, elle devint viticultrice. Henriette a mis du temps à montrer ses œuvres au public. Sa première exposition eut lieu en 1995, à Chalon-sur-Saône. Sa sœur Janine Niépce, décédée en 2007, fut une des premières femmes photoreporter.

Les obsèques d’Henriette Niépce auront lieu lundi à Rully. La cérémonie civile aura lieu au cimetière à 14 heures.

Sarah Fréquelin
Le journal de Saône & Loire - 11 septembre 2010
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Re: Henriette NIEPCE

Message par Flo »

texte pour les obsèques d'Henriette Niépce

A Rully, on connaît Henriette NIEPCE, sa propriété viticole : en Mont-Palais ou le Clos du Chapitre, derrière le parc de sa grande maison de la rue des Buis. Certains se souviennent encore de son père Henri NIEPCE, qui aida les pionniers à promouvoir la jeune appellation "Rully". Et chacun a connu Janine et ses photos de notre village, la petite sœur d'Henriette, partie avant elle. Henriette et son âne, sa personnalité, sa silhouette appartiennent à la mémoire de Rully.
Mais que savions-nous d'elle ?
Derrière le grand portail vert de la rue des Buis, où s'accroche une hotte qui annonce le domaine, on entre, à droite, dans la maison, par la cuisine, ou plus loin, par la véranda, remplie de plantes et de cactus très vieux, entremêlés et de là dans la salle décorée de céramiques par Henri Niepce. Sur la grande table, des tubes de peinture à l'huile, une palette, des pinceaux, des pastels. Un chevalet et partout des tableaux, rangés sur chant, par dizaines, des toiles abstraites. Henriette est peintre.
Passée à l'abstraction dès l'après-guerre, elle est restée fidèle à une manière de peindre qui permet l'expression des sentiments et des couleurs de l'âme. Son œuvre est son journal intime. L'exposer c'est s'exposer, tout dire de ce que l'on est. Henriette ne voulait pas exposer sa peinture. Elle ne l'avait fait qu'une fois, à Chalon, sur l'insistance de Madame Perol, lorsque je lui ai proposé de se découvrir une nouvelle fois. A l'approche de la fin de sa vie, elle eut envie de savoir comment le public recevrait sa peinture, elle accepta. Il y avait un risque. Elle avait été en phase avec la recherche artistique contemporaine dans les années 50, très éloignée de ce qu'est aujourd'hui l'art contemporain. Comment produire l'effet de la découverte, le surgissement d'une oeuvre avec 50 ans de retard ? En l'exposant comme un peintre du 17ème que l'on redécouvre, comme un La Tour, dans une perspective historique mais en sachant que cela ne marcherait que si, dans le même temps, l'oeuvre par elle-même, par sa qualité, rencontrait le public. J'avais le sentiment du haut niveau de cette peinture, mais c'était inséparable de l'amitié et du respect que je portais à Henriette pour la qualité et le haut niveau, aussi, de sa vie même, dont je vous dirai un mot tout à l'heure. Je l'ai fait découvrir aux amis de "Aux arts, etc.", à Jean-Louis Gorgeret, à Florent Prudent, à Cécile Rateau, puis à quelques autres, dont Antonella Monzoni, photographe italienne qui réalisera sur Henriette une exposition intitulée "Madame", ce qui désigne une grande Dame, en italien. Cette exposition rencontra un grand succès. C'est une pièce importante de l'œuvre d'Antonella, qui vient de recevoir la distinction de meilleur photographe italien de l'année. C'est dire que tous sont tombés amoureux d'Henriette, de son oeuvre, de sa maison qui est aussi une œuvre. Nous ne pouvions être objectifs, mais faut-il l'être en critique d'art ? L'exposition fut réalisée en deux temps et deux lieux, à la galerie des Chailloux à Saint-Boil et à l'hôpital de Chagny. Première période pour le premier lieu, Henriette avait accepté de montrer ses toiles d'avant l'abstraction que nous aimions beaucoup alors qu'elle n'en voyait plus l'intérêt, période abstraite à Chagny ensuite. Le public a consacré notre intuition. Les ventes ont été nombreuses. Le musée de Mâcon a acquis deux toiles. Henriette était entrée au musée, son oeuvre était reconnue. Je crois qu'elle en a été heureuse. Une nouvelle exposition est en perspective. Je lui en ai parlé il n'y a pas très longtemps, elle a souri, elle est d'accord.
Henriette m'a donné matière à préciser le contexte historique de sa création en me confiant les documents qu'elle avait conservés de sa galerie de la rue Rousselet, tenue pendant deux ans. La mort de son père interrompit cette aventure exceptionnelle car elle vint alors à Rully pour s'occuper du domaine. Mais elle ne cessa pas de peindre. Photos, cartons d'invitation, affiches disent dans quel milieu Henriette évoluait à Paris. On y trouve, collaborant à la vie de sa galerie, Picasso, Eluard, Jean Genet, le grand galeriste Loeb, le critique Robert Lebel, qui publia le premier ouvrage sur Marcel Duchamp. Lœb lui proposa d'exposer sa peinture, elle refusa, prétextant qu'elle n'avait pas suffisamment de toiles à montrer.
Je ne peux terminer sans évoquer encore un autre aspect de la vie d'Henriette. Elle avait accepté que l'on expose sa peinture, que l'on parle de sa galerie, mais elle ne voulait pas que l'on évoque son passé politique, sa participation à la Résistance et sa proximité avec le Parti communiste. Le PC italien en particulier. Non pas qu'elle ait renié ce passé militant, bien au contraire elle lui était restée fidèle. Mais parce qu'elle ne voulait pas qu'on la mette en avant. Elle m'a autorisé à en parler après sa mort. Elle critiquait violemment ceux qui s'attribuent la gloire du sacrifice des autres et surtout les singes en bouche d'or ou les inconscients qui avaient entraîné trop de morts inutiles. Mais elle n'en rendait pas le PC responsable. En 1940, active avec lui dans la Résistance, elle avait épousé Gillo Ponte-Corvo, le réalisateur de "La bataille d'Alger" ou de "Quemada", qui fut un cadre majeur du PCI. A sa mort, selon les informations qui furent transmises à Henriette depuis l'Italie, car elle était restée en contact avec lui et sa famille, rien ne fut organisé par le PCI. Elle en fut très amère, déçue de cette mémoire amputée.
Tant de choses vécues poussèrent sans doute Henriette à se retirer du monde. Une grande pudeur était la cause de son attitude parfois revêche. Elle vécut une vie aventureuse, militante et, comme Janine, féministe. En contrepoint, un mot la caractérise : la fidélité. Fidélité à sa sœur, qu'elle aimait et admirait tant, fidélité à la peinture, fidélité à son amour-amitié, fidélité à son idéal.
Nous aussi nous lui serons fidèles. Nous continuerons de faire connaître et reconnaître son oeuvre. Nous transmettrons ce qu'elle nous a donné, tâchant, chacun à notre manière, comme n'a cessé de le dire Lucie Aubrac, de savoir résister pour la justice et la liberté.
Henriette ne s'attendait pas à découvrir un Au-delà consolant des misères du monde. Sa survie est dans les femmes et les hommes qui transmettront son œuvre et ses valeurs.
François Lotteau
RULLY, lundi 13 octobre 2010
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galerie Henriette Niépce

Voici les quelques affiches que nous avons trouvées :

Les peintres et sculpteurs de Rome - du 20 avril au 07 mai 1951
Cagli / Corpora / Maugeri / Turcato / Biglione / Guttuso / Mafai / Omiccioli / Pirandello / Consagra / Fazzini / Franchina / L. Guerrini

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Huguette Arthur Bertrand - du 9 au 23 mai 1951

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Nando - du 29 mai au 13 juin 1951

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3 peintres de Genève - du 15 au 29 juin 1951
Abieniste / Xavier Fiala / Noverraz

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Manuel Angeles Ortiz - du 15 au 30 octobre 1951

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O. Koch / Meystre / Tobias - du 7 au 20 novembre 1951

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Jacqueline Lamba - du 1er au 15 décembre 1951

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Michel Sima - du 17 décembre 1951 au 4 janvier 1952

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Biglione / Adriano Parisot - du 8 au 22 janvier 1952

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Jean-Paul Riopelle / Isabelle Waldberg - du 7 au 21 mars 1952

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Bruno Venier - du 6 au 20 juin 1952

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Haroldo Donoso - du 23 juin au 7 juillet 1952

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