Lydie ARICKX

les rois du pinceaux, du ciseau et de la lentille vous en mettent plein la vue !

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Lydie Arickx

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Lydie Arickx est une peintre française née en 1954 à Villecresnes (Oise),de parents d’origine flamande.
1974-1978 Ecole supérieure des arts graphiques. Elle expose chez Jean Briance des pastels et des huiles.
Dès 1988, elle présente son travail en Belgique, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas puis en Espagne et aux Etats-Unis. 1988, c’est aussi l’année de sa première sculpture.
En 1991, Lydie Arickx s’installe dans les Landes où elle travaille sur de grands formats. Elle aborde la sculpture monumentale.
A partir de 1993, elle réalisera une suite de fresques pour différents sites en France.
En 1998, elle crée avec Alex Bianchi les « Rencontres du Cadran » qui accueillent chaque été de nouvelles générations d’artistes.
Pour le 800e anniversaire de la Jurade de Saint Emilion, exposition personnelle dans le cloître et, sur le thème de la crucifixion, dans l’Eglise Monolithe.
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DONC

Il y a Lydie, il y a Arickx.
Donc, le corps revient en force. Donc, il retrouve l’usage de son sang, de ses sens, de sa brûlante et convulsive identité. Donc, il n’est plus une dépendance de la Raison, de la Théorie, de la Machine à en commercialiser les apparences. Donc, le corps, par troués et torsions conjointes, sort de sa longue nuit d’objet. Donc, avec lui, on n’est plus à l’enseigne de la pornographie, des défilés de mode, des vantardises vénales. Donc, il nous montre à nouveau son privilège d’être un abîme, son abondance des origines, sa vertu fondatrice. Donc il est dans sa vérité de corps créateur de valeurs, de savoirs, de révélations. Donc, il s’ébroue comme animal pour bondir comme humain. Donc, il est un chaos capable de lumières. Donc il est un gisement de douleur et de grâce qui ne demande qu’à nous éclairer de ses pulsions civilisatrices, considérablement ensevelies, à l’état de maudites. Donc, ce corps cesse soudain d’être un vertige analphabète. Donc, soudain, il nous ouvre son grand livre tellurique. Donc, il existe, tout au fond de nous, au moins comme brouillon, ce livre dont j’imagine que les pages ruissellent encore de la boue des commencements du monde et nous promettent une renversante lisibilité de l’être. Donc, c’est bien notre époque qui nous désapprend à écrire de tels livres, trop dangereux pour la vieille et dogmatique et cérébrale idée qu’elle se fait du progrès. Donc, notre époque est bel et bien une déshumanisation à l’œuvre. Donc, il s’agit de toute urgence, de dévorer du regard l’œuvre de Lydie Arickx. Donc, quand elle me dit que l’homme moderne devrait, par humilité, mettre un genou dans la terre, je comprends ce que cela signifie. Donc, je vibre. Donc, je rugis, avec elle, cette prière exacerbée mais visionnaire.
Marcel Moreau
16 novembre 2002


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Sans titre, 2002 - Huile sur toile émeri - 151 cm x 106 cm

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Sans titre, 2002 - Huile sur toile émeri - 82 cm x 73 cm

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Sans titre, 2002 - Huile sur toile émeri - 86 cm x 76 cm

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Sans titre, 2002 - Huile sur toile émeri - 157 cm x 104 cm
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Lydie Arickx

Message par Flo »

Il est plus fréquent de décrire la longue marche des artistes pour aboutir à tracer leur sillon que de souligner leur facilité. Chez Lydie ARICKX, tout semble facile, aller de soi. Lydie ARICKX peint comme elle respire, sans donner le sentiment de faire un travail. Cette aisance innée pourrait agacer plus d’un peintre quand on sait ce que peut représenter comme difficulté, chez beaucoup d’entre eux, pour avancer sur le chemin de la Création.
Puisque tout est facile, l’artiste passe de la peinture à la sculpture avec autant d’aisance.
Cette légèreté, cette avancée dans l’art sur un chemin aussi limpide me semble contraster violemment avec l’expression de son art. Car l’œuvre de Lydie ARICKX est faite de tensions, de luttes ; les corps expriment la douleur ; crucifixion, tauromachie, la torture et la mort sont présentes de manière lancinante dans ses tableaux. Les mots qui reviennent à son sujet dans les textes d’observateurs témoignent : « volcan, forces telluriques, corps de séisme, pléthore de vie, de mort, outrance ». On pourrait multiplier les exemples qui renforcent l’impression de violence permanente exprimée par sa peinture.
Si bien que la jeune femme souriante qui s’exprime très calmement sur son travail semble à l’opposé de son univers de peintre. Lydie ARICKX continuera donc à prendre à contre-pied ses interlocuteurs ; et quand, avant de quitter notre studio, elle accepte de laisser une trace sur le livre d’Or de l’Encyclopédie, le geste, encore une fois, témoigne : Lydie ARICKX, à défaut de pinceaux et de peinture, prend un peu d’encre sur ses doigts et en quelques gestes rapides, montre, une fois de plus, cette insolente facilitée pour peindre comme elle respire.
Claude Guibert
1 novembre 2005 - Portraits des artistes de l'Encyclopédie audiovisuelle de l'art contemporain


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Sans titre, 2002 - Huile sur toile émeri - 107 cm x 74 cm

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Sans titre, 2002/2003 - Encre et technique mixte - 41 cm x 29 cm

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Sans titre, 2002/2003 - Encre et technique mixte - 29 cm x 41 cm

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Sans titre, 2002 - Huile sur papier tibétain - 90 cm x 62 cm

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Sans titre, 2002 - Huile sur papier tibétain - 90 cm x 62 cm

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Re: Lydie ARICKX

Message par Flo »

"Il n'y a de repos pour personne"

Voyant passer devant moi les tableaux de Lydie Arickx, accrochés sur le rail comme autant de dépouilles d’une nature humaine, morte pour la geste sociale, de fragments de paysages sur lesquels ne poussent désormais que les pulsions intérieures et les convulsions de la matière livrées à elles-mêmes et conduites par la main du peintre vers un destin terrible, je m’accroche aux mouvements nouveaux de ce monde interdit. Les plans dont ils surgissent, densité pure et lisse du carton, rugosité industrielle de la toile, laissent présager un schéma d’exécution né d’une vision immédiate, d’un dessein acquis dans la recherche de l’évidence plastique. C’est là la part abstraite d’un travail qui ne doit rien à l’affectation des tourments de l’âme.

Lydie Arickx puise sans fin dans la tradition maniériste de la dissection anatomique, en quête de paysages intérieurs où l’anthropomorphisme renaît dans la raison organique, à l’encontre de toutes configurations topographiques chère à la tradition de Brueghel et de Joos de Momper exploitée dans les marges d’un âge classique, en chemin vers l’institution de normes.

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Gémellité, 2006 - huile sur papier kraft - 120 x 120 cm

Le territoire vierge et secret d’une dépouille, champ anatomique désormais privé de ses conduites autonomes, s’ouvre comme un fruit trop mûr sur une autre nature humaine qui produit le temps de sa défaite des amas de matière et des lignes de forces improbables. Lydie Arickx l’écrase de son regard et l’ausculte. Elle agit de même sur la physique d’un environnement, empruntant aux contreforts pyrénéens leurs raisons géologiques qu’elle réveille en fouillant sous le bel agencement, fruit du travail des hommes, aussi fragile qu’éphémère. Ainsi sont mises en lumière les productions telluriques, fractures et béances futures, inéluctables comme le décharnement de la terre.
Ce monde intérieur s’offre avec profusion. Il échappe aux conditions d’une reproduction mimétique. Pour s’assurer dans la solitude des labyrinthes physiques aléatoires, l’artiste court le risque de s’appuyer sur un comportement gestuel, un style, maniériste au mauvais sens du terme, qui finit par produire ses propres formes à l’intérieur du tableau et se substituer à la prégnance du sujet, comme un échafaudage décoratif. Crainte aujourd’hui dépassée par une attention de tous les instants sans dispersion d’énergie, sans les avatars de figures libres qui détournent l’attention.

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Jeune garçon, 2006 - huile sur papier kraft - 120 x 120 cm

Le territoire de la peinture que fait Lydie Arickx surgit de la métamorphose inachevée des mondes inférieurs extraits à mains nues des entrailles de l’homme et du paysage. Eternel projet romantique diront les modernes, imbus de leur actualité dominante : non. Le peintre ne vit que des souffrances à venir qu’il transforme en jubilation présente et chaque tableau désormais gravite autour de la peinture, son histoire, abusé le moins possible par la gestualité picturale. Ainsi la version donnée du Radeau de la Méduse de Géricault, œuvre récente et majeure, transpose la catastrophe dans la géologie de la peinture. Elle nous fait oublier le sublime effroyable de l’événement pour conduire notre sentiment vers l’appréhension autonome et sans racines des nœuds, des nerfs et des ligaments qu’offre l’humanité dans sa détresse intemporelle.

Plongé dans ce naturalisme d’accouchement, le regard dévore la surface passant de détails en détails, tous d’une portée emblématique qui n’atteint jamais l’icône. Nous sommes embarqués sans nous accrocher à notre tour aux fragments sans nous installer, épuisés, dans le monument.

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Retournement, 2006 - huile sur toile émeri - 207 x 292 cm

Lydie Arickx donne aussi à voir des fragments de scènes érotiques. L’humanité, descendue dans les profondeurs de la connaissance mélancolique, remonte avec une sérénité joyeuse vers les affres du plaisir. Dans ces combats, il n’y a de repos ni pour le trait du modelé ni pour la couleur ni pour la chair ni pour le regard, chacun débusqué, privé du refuge de la belle manière. Les corps se doublent d’une ombre qui prend en charge l’âme devenue masse anatomique. Les tensions se propagent et s’étirent sur l’ensemble du figurable dans le refus de pénétrer la planéité du support. Fragments de monuments dépecés dans la chair du monde, les tableaux de Lydie Arickx rejoignent aujourd’hui l’art majeur de la fresque.

Alain Tapié, septembre 2006
texte trouvé sur le site de la galerie polad-hardouin - art contemporain (86 rue Quincampoix 75003 Paris)
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camomille
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Re: Lydie ARICKX

Message par camomille »

J'adore !! C'est magnifique, hors du commun, exceptionnel ! Vraiment du Grand Art !

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Re: Lydie ARICKX

Message par Flo »

J'ai découvert son travail à l'occasion de deux expositions collectives : celle du groupe "Mémoires" à Montceau-les-Mines et celle de la biennale "Au-delà du corps" à Aix-sur-Vienne (près de Limoges).
C'est un travail saisissant. Ses grands formats sur toile émeri te laissent sur le cul ... et je ne parle pas de ses sculptures...

présentation de Lidye Arrickx sur le site de la galerie DX
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