Sans Titre Fixe
Publié : 11 nov. 2015 00:34
De 2004 à 2006, avec des amis de “Sneakers“ et de la librairie associative “Et après pourquoi pas ?“, il nous a prit l'idée farfelue de faire une feuille de choux. Du noir et blanc bien sûr question de standing, en format A3 recto-verso, classieux...
Son titre ? aucun. Ou plutôt une myriade... puisqu'il change constamment de nom...
Bon je posterai les autres numéros plus tard, j'ai un dessin du jour à faire cette nuit
morceaux choisis :
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édito
La délation est apparemment bien vue ces derniers temps, d’où le désir de créer un journal anonyme.
L’ennui avec l’anonymat, c’est qu’on passe inaperçu (et ça, croyez moi, c’est très très frustrant...). Nous avons donc opté une solution mi-figue, mi-raisin :
A chaque numéro un nom différent.
Aujourd’hui CARNEE, demain CHILI-CON ?
S.T.F. - Sans Titre Fixe - vous souhaite une bonne lecture...
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Dimanches, messe des urnes
Nous allons bientôt exercer notre devoir de citoyens : voter.
Déposer au fond d’une urne ce papier qui sera vite recyclé... du moins aussi vite que les programmes présentés. Il ne faut pas croire que les élections ne servent à rien : elles nous permettent de rythmer notre vie de zombies, de consommateurs elles font de nous des consomm’acteurs. Nous ne choisissons plus un nouveau portable ou une nouvelle télé, nous choisissons un individu qui, par son éloquence, nous convaincra qu’il peut agir pour nous, pour notre bien, nous débarrassant de ce pesant fardeau qu’est la pensée !
Du fin stratège au bon-français-d’en-bas, chacun trouve une raison de choisir l’un plutôt que l’autre. De la politique, il ne reste que du politique : un feuilleton où chaque épisode enclenche inexorablement l’épisode suivant. Quelques rebonds dans l’histoire, parfois des surprises, les aventures de nos décideurs sont impressionnantes de fluidité et de continuité.
Un zeste de Pétainisme, un soupçon de Gaullisme, une poigne de Thiers, tout ce qui peut exacerber notre fibre patriotique-nationaliste-individualiste-dogmatique- expansionniste... s’avère valable, jouable. Le jeu - amuser tout-un-chacun, nous occuper le temps qu’il faudra afin de ne - surtout - rien changer.
Il s’agit bien là du fond du problème : les choses sont bien comme elles sont. Une élite face à la masse. Les riches vivent mieux que nous, nous vivons mieux que les pauvres, les pauvres des pays riches vivent mieux que les pauvres des pays pauvres et ainsi de suite. Cette évidence, tout le monde la perçoit, mais elle nous semble tellement inébranlable que nous baissons les bras avant même de lever le poing.
Remettre en cause notre société, c’est d’abord oser imaginer par soi-même le monde dans lequel nous aime- rions vivre, c’est accepter de l’autre des idées qui ne sont pas nôtre afin de les confronter, les tester, les valider ou les rejeter.
Remettre en cause notre monde, c’est accepter l’inconnu, c’est savoir qu’on ne ne sait rien et que plus on découvrira, plus on aura à découvrir.
Notre force est notre faiblesse : nous sommes nombreux. Nous avons tous notre chapelle, nos idées, nos préjugés... Nous nous devons d’aller à la rencontre de l’autre, nous devons reprendre possession de l’espace public, réapprendre à parler, à penser, à partager...
Se regarder dans un miroir - qui sommes-nous ? Quelle vie avons nous ? Retourner le miroir. Du superficiel au paraître, quel est le vrai, qu’est le mensonge ?
Il nous faut tout redécouvrir, se tourner vers hier pour comprendre, regarder vers demain pour apprendre.
Nous allons bientôt exercer notre droit de citoyens-: exister
Florent PRUDENT, 02 janvier 2004
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EUGÉNIE. - Quoi ! réellement, mon aimable amie, l’existence de Dieu serait une chimère ?
MME DE SAINT-ANGE. - Et des plus méprisables, sans doute.
SADE “LES INSTITUTEURS IMMORAUX“
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Chronique d'un chômeur désabusé
5 janvier 2004
Je viens de recevoir un courrier venant de l’ANPE, je le tiens dans mes mains et j’ai un peu d’appréhension, une mauvaise nouvelle me dis-je tout de suite, j’attendrai un peu avant de l’ouvrir.
6 janvier 2004
De retour à l’ANPE, en cette nouvelle année et alors que nombre de «demandeurs d’emploi» sont radiés des listes, la seule nouveauté ici, c’est le changement de logo. Pour l’occasion, le papier servant à imprimer les offres a, lui-même, changé d’aspect, passant du carré jaune et bleu à de grandes pages blanches avec un trait stylisé au milieu. Avant c’était déjà écrit tout petit mais là, en plus, ça fait mal aux yeux tellement ça brille.
Bref, j’écris et pendant ce temps là je ne cherche pas de travail. Récemment, j’ai trouvé un poste à mi-temps, SMIC à 41 heures, un seul jour férié par an et les nuits qui sont payées au même tarif que les journées(1). Mais comme dit une dame rencontrée ce jour à l’ANPE : «Tant mieux que vous fassiez ce genre de travail car quand vous aurez trouvé un bon boulot, vous vous plaindrez moins».
Sur un coup de sang, je suis allé voir les offres d’emploi et j’ai trouvé la perle rare : CDI, 39 heures par semaine dans les domaines des jeux vidéo, de la photographie et de la musique. Que des trucs que je connais, enfin pas tout mais je ferais comme si ; sauf que la grande inconnue, c’est l’entreprise. Je sens que je vais me retrouver dans une boîte genre «CASH-CONVERTER» et le grand mot là-bas, comme un peu partout, c’est «polyvalence», ce qui en langage de DE (Demandeur d’Emploi) veut dire : «On vous paye peu et vous faites beaucoup et surtout vous fermez votre gueule ». Mais je vais écrire, on sera au moins une cinquantaine sur le poste mais avec de la chance, c’est moi qui aurait le job. De la “chance“, il m’en faudra après, car avoir un boulot ce n’est pas tout, encore faut-il le garder et de ce côté-là, si tu as le malheur de ne pas être aussi productif que prévu, ils arrivent à te faire craquer. Pour eux, c’est tout gagnant, ils te culpabilisent, tu démissionnes et ils en embauchent un autre qui donnera tout jusqu’à ce qu’il craque à son tour.
6 janvier, 14h07 «De retour à la maison»
Je me décide à ouvrir la lettre reçue la veille. Je suis convoqué à un entretien pour, disent-ils, faire le point sur mes démarches et définir avec moi les prochaines étapes de mon PAP (Plan d’Action Personnalisé). Ils me fixent une date, ce sera la semaine prochaine et si je ne les préviens pas, c’est écrit : «A défaut de présentation, je serais contraint conformément à la loi de vous radier de la liste des demandeurs d’emploi».
J’ai pourtant rien demandé moi, c’est un peu comme si votre médecin, apprenant par un patient que vous êtes malade, vous écrivait : «Monsieur, pour faire suite au contrôle permanent de votre santé, veuillez vous présenter la semaine prochaine à mon cabinet. Si vous ne vous manifestez pas, vous serez radié de la liste de mes patients.». Plus droit de se soigner, fini !
D’autre part dans le courrier, ils disent qu’ils m’ont envoyé plusieurs offres d’emploi, ce qui est faux mais bien sûr c’est à moi de prouver que je n’ai rien reçu. Mais où ai-je bien pu mettre ces foutues lettres que je n’ai pas reçu ? !
A bientôt, J.P.
(1) convention collective de l’hôtellerie-restauration
à lire “l‘ANPE au pays du black jack“ CQFD#7 - déc. 2003
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Musique maestro
KULARA «Fragmental remembrance, a switch of resurrection, and my hearing vanished»
CD MOLAIRE INDUSTRIE/OVERCOME
Un ami m’avait conseillé d’écouter ce disque sorti il y a quelques temps déjà. Grand bien lui en a pris, car c’est avec un plaisir certain que j’ai découvert ce groupe japonais. Sept longs morceaux, enchaînant des passages screamo bien rageurs et désespérés avec de longues plages math-rock complexes et techniques. Ce qui marque avec ce disque, ce sont les émotions distillées, allant du plus sombre (sur certains titres, la voix est tellement poignante que la souffrance est palpable... effrayant !) à des ambiances plus posées, presque légères. Le calme avant la tempête... ou l’inverse. De part sa longueur et la complexité des morceaux, ce disque demande un effort d’attention pour livrer ses multiples secrets. Mais, si le côté radiographie du mal-être vous attire, ça vaut le coup d’essayer. Camisole non fournie.
SHANTY RD «Finally» CD BCORE DISC/OVERCOME
Enchaînons avec quelque chose de plus léger, histoire de souffler un peu. Les trois espagnols de SHANTY RD nous entraînent du côté de Washington, et plus précisément chez Dischord. C’est bien vers les groupes de ce label que se situent les influences principales du trio, JAWBOX/BURNING AIRLINES et FUGAZI en tête. C’est propre, ça chante bien, c’est mélodique avec des plans grattes originaux et bien sentis, apportant une touche de personnalité plutôt bienvenue. Les neuf morceaux sont assez longs (mention spéciales au superbe instrumental ‘Outdoor’ qui clôt magistralement cet album) mais ce n’est qu’à la fin qu’on se rend compte qu’on vient de passer plus d’une heure avec ce disque. Et là, je me dis : gage de qualité, bordel !
split ALLUN/SEAU D’EAU 7“ GALERIE PACHE
http://galerie.pache.free.fr
ALLUN est un groupe italien actuellement composé de Stéphania au chant et au violon et Natalia utilisant jouets, radios, objets et autres interférences sonores. Duo iconoclaste ne laissant personne indifférent, la musique d’ALLUN navigue entre expérimentations, ambiances, bidouillages, collages... Bref, pas ce qu’il y a de plus facile à décrire, ni à écouter d’ailleurs. Le morceau sur le split s’avère assez calme, ça me semble assez représentatif de ce que j’ai pu en voir sur scène. Longue plage sonore faite de bruits divers, de craquements, d’extraits de radio, de violon, de chant presque enfantin... bien barré quoi.
On reste dans le barré, mais le barré plus conventionnel (ça devient compliqué tout ça) avec SEAU D’EAU. Au programme, clarinette alto, batterie et guitare. Musicalement, ça tire du côté des groupes de chez Skin Graft : structures pulvérisées, bordel noisy organisé, touche jazzy malsaine, tout ça soutenu par un guitariste épileptique, évidemment en pleine crise. Deux très bons morceaux qui restent bien accessibles. Un bien bon disque pour les amateurs de musique tordue.
WHAT EVER FILM s/t diy
http://versushorserecor.hp.infoseek.co.jp
Encore des japonais ? Ben ouais, j’y peux rien si la scène japonaise est une des plus variée et décomplexée du moment. Un trois titres pour ce groupe d’émo-rock hurlé. Ça commence fort, avec un instrumental bien accrocheur. Ça enchaîne avec deux morceaux chantés, ou plutôt criés, énergiques à souhaits. Pas mal d’émotion, belles mélodies, de court passages calmes, histoire d’avoir le temps de verser une petite larme et ça repart direct. C’est assez classique dans l’ensemble, mais c’est suffisamment bien foutu et honnête pour suffire à mon bonheur. Son plus que correct pour un disque diy.
THE SONS OF SATURN Red Ep diy
http://www.thesonsofsaturn.com
Quatuor lyonnais découvert sur scène, où ils m’ont bien baffé avec leur émo-rock noisy, nerveux et classieux. Sur disque, ça le fait bien aussi. Rien à faire, cette galette me fout la patate et me donne envie de gigoter dans tous les sens, tellement ça déborde d’énergie. Quatre titres qui envoient, guitare tranchante à l’assaut, basse bien ronde, batterie au taquet et chant crié de rigueur. Ça lorgne méchamment du côté de la scène nordique (qui a dit JR EWING et REFUSED ? hein qui ?) avec un petit côté AT THE DRIVE IN pour le jeu de guitare et dans certains passages plus aériens. A écouter jusqu’à l’épuisement en attendant la suite et surtout, surtout, à voir en concert.
Laurent
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“la culpabilité, c’est la graisse dans laquelle tournait l’autorité“
Terry PRATCHETT
Son titre ? aucun. Ou plutôt une myriade... puisqu'il change constamment de nom...
Bon je posterai les autres numéros plus tard, j'ai un dessin du jour à faire cette nuit
morceaux choisis :
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édito
La délation est apparemment bien vue ces derniers temps, d’où le désir de créer un journal anonyme.
L’ennui avec l’anonymat, c’est qu’on passe inaperçu (et ça, croyez moi, c’est très très frustrant...). Nous avons donc opté une solution mi-figue, mi-raisin :
A chaque numéro un nom différent.
Aujourd’hui CARNEE, demain CHILI-CON ?
S.T.F. - Sans Titre Fixe - vous souhaite une bonne lecture...
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Dimanches, messe des urnes
Nous allons bientôt exercer notre devoir de citoyens : voter.
Déposer au fond d’une urne ce papier qui sera vite recyclé... du moins aussi vite que les programmes présentés. Il ne faut pas croire que les élections ne servent à rien : elles nous permettent de rythmer notre vie de zombies, de consommateurs elles font de nous des consomm’acteurs. Nous ne choisissons plus un nouveau portable ou une nouvelle télé, nous choisissons un individu qui, par son éloquence, nous convaincra qu’il peut agir pour nous, pour notre bien, nous débarrassant de ce pesant fardeau qu’est la pensée !
Du fin stratège au bon-français-d’en-bas, chacun trouve une raison de choisir l’un plutôt que l’autre. De la politique, il ne reste que du politique : un feuilleton où chaque épisode enclenche inexorablement l’épisode suivant. Quelques rebonds dans l’histoire, parfois des surprises, les aventures de nos décideurs sont impressionnantes de fluidité et de continuité.
Un zeste de Pétainisme, un soupçon de Gaullisme, une poigne de Thiers, tout ce qui peut exacerber notre fibre patriotique-nationaliste-individualiste-dogmatique- expansionniste... s’avère valable, jouable. Le jeu - amuser tout-un-chacun, nous occuper le temps qu’il faudra afin de ne - surtout - rien changer.
Il s’agit bien là du fond du problème : les choses sont bien comme elles sont. Une élite face à la masse. Les riches vivent mieux que nous, nous vivons mieux que les pauvres, les pauvres des pays riches vivent mieux que les pauvres des pays pauvres et ainsi de suite. Cette évidence, tout le monde la perçoit, mais elle nous semble tellement inébranlable que nous baissons les bras avant même de lever le poing.
Remettre en cause notre société, c’est d’abord oser imaginer par soi-même le monde dans lequel nous aime- rions vivre, c’est accepter de l’autre des idées qui ne sont pas nôtre afin de les confronter, les tester, les valider ou les rejeter.
Remettre en cause notre monde, c’est accepter l’inconnu, c’est savoir qu’on ne ne sait rien et que plus on découvrira, plus on aura à découvrir.
Notre force est notre faiblesse : nous sommes nombreux. Nous avons tous notre chapelle, nos idées, nos préjugés... Nous nous devons d’aller à la rencontre de l’autre, nous devons reprendre possession de l’espace public, réapprendre à parler, à penser, à partager...
Se regarder dans un miroir - qui sommes-nous ? Quelle vie avons nous ? Retourner le miroir. Du superficiel au paraître, quel est le vrai, qu’est le mensonge ?
Il nous faut tout redécouvrir, se tourner vers hier pour comprendre, regarder vers demain pour apprendre.
Nous allons bientôt exercer notre droit de citoyens-: exister
Florent PRUDENT, 02 janvier 2004
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EUGÉNIE. - Quoi ! réellement, mon aimable amie, l’existence de Dieu serait une chimère ?
MME DE SAINT-ANGE. - Et des plus méprisables, sans doute.
SADE “LES INSTITUTEURS IMMORAUX“
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Chronique d'un chômeur désabusé
5 janvier 2004
Je viens de recevoir un courrier venant de l’ANPE, je le tiens dans mes mains et j’ai un peu d’appréhension, une mauvaise nouvelle me dis-je tout de suite, j’attendrai un peu avant de l’ouvrir.
6 janvier 2004
De retour à l’ANPE, en cette nouvelle année et alors que nombre de «demandeurs d’emploi» sont radiés des listes, la seule nouveauté ici, c’est le changement de logo. Pour l’occasion, le papier servant à imprimer les offres a, lui-même, changé d’aspect, passant du carré jaune et bleu à de grandes pages blanches avec un trait stylisé au milieu. Avant c’était déjà écrit tout petit mais là, en plus, ça fait mal aux yeux tellement ça brille.
Bref, j’écris et pendant ce temps là je ne cherche pas de travail. Récemment, j’ai trouvé un poste à mi-temps, SMIC à 41 heures, un seul jour férié par an et les nuits qui sont payées au même tarif que les journées(1). Mais comme dit une dame rencontrée ce jour à l’ANPE : «Tant mieux que vous fassiez ce genre de travail car quand vous aurez trouvé un bon boulot, vous vous plaindrez moins».
Sur un coup de sang, je suis allé voir les offres d’emploi et j’ai trouvé la perle rare : CDI, 39 heures par semaine dans les domaines des jeux vidéo, de la photographie et de la musique. Que des trucs que je connais, enfin pas tout mais je ferais comme si ; sauf que la grande inconnue, c’est l’entreprise. Je sens que je vais me retrouver dans une boîte genre «CASH-CONVERTER» et le grand mot là-bas, comme un peu partout, c’est «polyvalence», ce qui en langage de DE (Demandeur d’Emploi) veut dire : «On vous paye peu et vous faites beaucoup et surtout vous fermez votre gueule ». Mais je vais écrire, on sera au moins une cinquantaine sur le poste mais avec de la chance, c’est moi qui aurait le job. De la “chance“, il m’en faudra après, car avoir un boulot ce n’est pas tout, encore faut-il le garder et de ce côté-là, si tu as le malheur de ne pas être aussi productif que prévu, ils arrivent à te faire craquer. Pour eux, c’est tout gagnant, ils te culpabilisent, tu démissionnes et ils en embauchent un autre qui donnera tout jusqu’à ce qu’il craque à son tour.
6 janvier, 14h07 «De retour à la maison»
Je me décide à ouvrir la lettre reçue la veille. Je suis convoqué à un entretien pour, disent-ils, faire le point sur mes démarches et définir avec moi les prochaines étapes de mon PAP (Plan d’Action Personnalisé). Ils me fixent une date, ce sera la semaine prochaine et si je ne les préviens pas, c’est écrit : «A défaut de présentation, je serais contraint conformément à la loi de vous radier de la liste des demandeurs d’emploi».
J’ai pourtant rien demandé moi, c’est un peu comme si votre médecin, apprenant par un patient que vous êtes malade, vous écrivait : «Monsieur, pour faire suite au contrôle permanent de votre santé, veuillez vous présenter la semaine prochaine à mon cabinet. Si vous ne vous manifestez pas, vous serez radié de la liste de mes patients.». Plus droit de se soigner, fini !
D’autre part dans le courrier, ils disent qu’ils m’ont envoyé plusieurs offres d’emploi, ce qui est faux mais bien sûr c’est à moi de prouver que je n’ai rien reçu. Mais où ai-je bien pu mettre ces foutues lettres que je n’ai pas reçu ? !
A bientôt, J.P.
(1) convention collective de l’hôtellerie-restauration
à lire “l‘ANPE au pays du black jack“ CQFD#7 - déc. 2003
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Musique maestro
KULARA «Fragmental remembrance, a switch of resurrection, and my hearing vanished»
CD MOLAIRE INDUSTRIE/OVERCOME
Un ami m’avait conseillé d’écouter ce disque sorti il y a quelques temps déjà. Grand bien lui en a pris, car c’est avec un plaisir certain que j’ai découvert ce groupe japonais. Sept longs morceaux, enchaînant des passages screamo bien rageurs et désespérés avec de longues plages math-rock complexes et techniques. Ce qui marque avec ce disque, ce sont les émotions distillées, allant du plus sombre (sur certains titres, la voix est tellement poignante que la souffrance est palpable... effrayant !) à des ambiances plus posées, presque légères. Le calme avant la tempête... ou l’inverse. De part sa longueur et la complexité des morceaux, ce disque demande un effort d’attention pour livrer ses multiples secrets. Mais, si le côté radiographie du mal-être vous attire, ça vaut le coup d’essayer. Camisole non fournie.
SHANTY RD «Finally» CD BCORE DISC/OVERCOME
Enchaînons avec quelque chose de plus léger, histoire de souffler un peu. Les trois espagnols de SHANTY RD nous entraînent du côté de Washington, et plus précisément chez Dischord. C’est bien vers les groupes de ce label que se situent les influences principales du trio, JAWBOX/BURNING AIRLINES et FUGAZI en tête. C’est propre, ça chante bien, c’est mélodique avec des plans grattes originaux et bien sentis, apportant une touche de personnalité plutôt bienvenue. Les neuf morceaux sont assez longs (mention spéciales au superbe instrumental ‘Outdoor’ qui clôt magistralement cet album) mais ce n’est qu’à la fin qu’on se rend compte qu’on vient de passer plus d’une heure avec ce disque. Et là, je me dis : gage de qualité, bordel !
split ALLUN/SEAU D’EAU 7“ GALERIE PACHE
http://galerie.pache.free.fr
ALLUN est un groupe italien actuellement composé de Stéphania au chant et au violon et Natalia utilisant jouets, radios, objets et autres interférences sonores. Duo iconoclaste ne laissant personne indifférent, la musique d’ALLUN navigue entre expérimentations, ambiances, bidouillages, collages... Bref, pas ce qu’il y a de plus facile à décrire, ni à écouter d’ailleurs. Le morceau sur le split s’avère assez calme, ça me semble assez représentatif de ce que j’ai pu en voir sur scène. Longue plage sonore faite de bruits divers, de craquements, d’extraits de radio, de violon, de chant presque enfantin... bien barré quoi.
On reste dans le barré, mais le barré plus conventionnel (ça devient compliqué tout ça) avec SEAU D’EAU. Au programme, clarinette alto, batterie et guitare. Musicalement, ça tire du côté des groupes de chez Skin Graft : structures pulvérisées, bordel noisy organisé, touche jazzy malsaine, tout ça soutenu par un guitariste épileptique, évidemment en pleine crise. Deux très bons morceaux qui restent bien accessibles. Un bien bon disque pour les amateurs de musique tordue.
WHAT EVER FILM s/t diy
http://versushorserecor.hp.infoseek.co.jp
Encore des japonais ? Ben ouais, j’y peux rien si la scène japonaise est une des plus variée et décomplexée du moment. Un trois titres pour ce groupe d’émo-rock hurlé. Ça commence fort, avec un instrumental bien accrocheur. Ça enchaîne avec deux morceaux chantés, ou plutôt criés, énergiques à souhaits. Pas mal d’émotion, belles mélodies, de court passages calmes, histoire d’avoir le temps de verser une petite larme et ça repart direct. C’est assez classique dans l’ensemble, mais c’est suffisamment bien foutu et honnête pour suffire à mon bonheur. Son plus que correct pour un disque diy.
THE SONS OF SATURN Red Ep diy
http://www.thesonsofsaturn.com
Quatuor lyonnais découvert sur scène, où ils m’ont bien baffé avec leur émo-rock noisy, nerveux et classieux. Sur disque, ça le fait bien aussi. Rien à faire, cette galette me fout la patate et me donne envie de gigoter dans tous les sens, tellement ça déborde d’énergie. Quatre titres qui envoient, guitare tranchante à l’assaut, basse bien ronde, batterie au taquet et chant crié de rigueur. Ça lorgne méchamment du côté de la scène nordique (qui a dit JR EWING et REFUSED ? hein qui ?) avec un petit côté AT THE DRIVE IN pour le jeu de guitare et dans certains passages plus aériens. A écouter jusqu’à l’épuisement en attendant la suite et surtout, surtout, à voir en concert.
Laurent
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“la culpabilité, c’est la graisse dans laquelle tournait l’autorité“
Terry PRATCHETT