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Re: médias, médias...

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Là-bas si j’y suis doit continuer !
jeudi 3 juillet 2014, par Attac France

La nouvelle directrice de France Inter annonçait le 27 juin dans une interview que l’émission Là-bas si j’y suis serait supprimée en septembre. Les raisons invoquées ? Daniel Mermet, son producteur, serait désormais trop vieux ; l’émission aurait par ailleurs perdu « 100 000 auditeurs en deux ans ».

Ces arguments ne tiennent pas : quoiqu’on pense de l’âge de Daniel Mermet (ou de ses relations parfois tumultueuses avec certains de ses reporters), Là-bas si j’y suis est avant tout une équipe, composée majoritairement de jeunes journalistes à qui l’animateur avait prévu de passer la main. Et l’émission se maintient à des niveaux très élevés, avec près de 450 000 auditeurs chaque jour.

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Illustration : Daniel Mermet

Là-bas si j’y suis est une des rares émissions du service public qui permet à un large public de se familiariser avec des enjeux de société pas ou peu traités ailleurs dans les médias : depuis les luttes des ouvrières de Latelec en Tunisie aux résistances des zapatistes au Mexique.

Elle a attiré l’attention du public sur la financiarisation de l’économie dès les années 1990 et a donné la parole à des intellectuels comme Cornelius Castoriadis, André Gorz, ou plus récemment Noam Chomsky ou Ken Loach, rarement invités à des heures de grande écoute.

Là-bas si j’y suis est un apport essentiel à la qualité du service public. Sa suppression arbitraire est une mutilation d’un pluralisme déjà largement mis à mal sur le service public et dans l’ensemble des médias. C’est pourquoi Attac France soutient les salariés de Là-bas si j’y suis et les auditeurs qui luttent, et se mobilise avec eux pour le maintien de l’émission !

Plus d’information : http://www.la-bas.org/
Pétition : http://www.la-bas.org/spip.php?article2266
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mister jack
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Message par mister jack »

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Bonjour
Tout d'abord, un grand merci pour votre élan de soutien suite à la suppression brutale de l'émission à la fin juin. Merci aux plus de 170 000 qui ont signé une pétition en l'espace de quatre semaines en juillet, aux syndicats, aux associations, aux militants, aux confrères qui nous soutiennent. Merci aux auditeurs qui ont adressé des milliers de messages partout, merci à ceux qui sans partager nos convictions veulent défendre le pluralisme dans les médias, surtout dans les médias publics. Pour la ministre de la Justice, Christiane Taubira, cette suppression est « une pensée mutilée ».

Alors bien sûr, on ne lâche rien !

À l'heure où Marine se fait couler un bain en se parfumant avec les idées qu'elle nous a volées, à l'heure où la résignation gagne du terrain, à l'heure où l'insignifiance répand partout sa gomme et son déodorant, pas question de lâcher.

Depuis longtemps, nous pensons à développer les engagements et les bagarres de Là-bas sur le web. Une association sans but lucratif a été constituée, l'AMG (Association Modeste et Géniale). Dés le début juillet une équipe s'est mise en place sur le projet. Nous avons été heureux d'avoir le soutien de l'équipe de Mediapart comme de Daniel Schneidermann du site Arrêt sur Images. Des partenariats sont possibles.


Et ainsi Là-bas si j'y suis va embarquer sur le web
Le navire sera prêt le 21 janvier 2015.


Vous allez progressivement y retrouver les reportages, les découvertes et les débats de Là-bas, comme à la radio bien sûr, mais aussi en vidéo, en dessins, en photos en texte avec des journalistes qui croient encore à ce foutu métier dans son rôle de contre pouvoir. Le site sera participatif ouvert aux contributions des abonnés et nous serons fidèles aux principes de l'éducation populaire et de l'autodéfense intellectuelle.

Parallèlement grâce à vous, nous participerons à des réalisations de films documentaires (longs ou courts, urgents ou lents) qui pourront librement accéder à un large public par un complément éventuel de financement participatif.

Et surtout le but est de vous proposer une nouvelle matinale, le SEPT-NEUF NEUF. L'idée n'est pas nouvelle, il suffit d'écouter les radios du matin pour se dire qu'on pourrait proposer autre chose. Il y a des différences bien sûr, chaque chaîne a sa clientèle, mais le fond éditorial est à peu près le même. Mêmes invités, mêmes experts, mêmes sources, même choix de sujet. Bien peu de dissonance, bien peu de dissidence. C'est pourtant un moment crucial dans la fabrique de l'opinion, huit à dix millions d'auditeurs sont à l'écoute.

Ce projet audacieux constitue une première dans le paysage médiatique français. Mais rien n'est possible sans vous. Notre seul moyen de rester indépendant face aux compromis publicitaires, financiers ou politique, c'est vous, c'est par vos abonnements que nous pourrons faire un journalisme à la fois rigoureux, populaire, original et engagé. Pas moins !

L'accès aux archives des émissions (créé par un auditeur en 2003) restera gratuit, de même que l'espace réservée aux Repaires de Là-bas sur lesquels nous comptons beaucoup dans cette nouvelle aventure.


Le site sera ouvert le 21 janvier 2015, mais abonnez-vous dès maintenant.
C'est avec le produit de vos abonnements que nous allons construire le nouveau Là-bas et constituer l'équipe qui va le faire vivre.


La plateforme d'abonnement est déjà disponible à cette adresse :
http://abonnement.la-bas.org/membres/soutenir

L'équipe de Là-bas si j'y suis

voir les dernières vidéos : http://www.la-bas.org/spip.php?article2472
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République contre barbarie : l’UFAL pleure les morts de Charlie-Hebdo
Par l'UFAL le 7 janvier 2015

Lorsque la rédaction de Charlie-Hebdo avait fait l’objet de menaces pour avoir publié des caricatures de Mahomet, l’Ufal avait tenu à lui apporter tout son soutien et à rappeler que, dans une République laïque, le « blasphème » ne saurait constituer un délit.

Nous atteignons aujourd’hui le summum de l’horreur : des personnes ont été assassinées pour avoir fait usage d’un droit constitutionnel, le droit à la liberté d’expression. Comme tous les républicains, les adhérents de l’Ufal sont à la fois sidérés et meutris par ce crime lâche et sanglant. Ils sont aux côtés des familles des victimes, dont ils partagent la douleur.

Cet attentat doit mettre chacun face à ses responsabilités : tous les citoyens doivent défendre sans ambiguité, sans arrière-pensée, sans tergiversation, les principes qui sont au fondement de la République laïque, et condamner sans appel la barbarie, tout en se gardant des amalgames.

En ce jour où la nation est atteinte dans ses principes les plus fondamentaux, l’Ufal appelle à l’union de tous les républicains autour de la défense des libertés et de la laïcité et invite tous les citoyens à participer aux manifestations en soutien à Charlie-Hebdo.

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> l'hommage des dessinateurs sur le site de Libération
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Message par Flo »

Après l'odieux attentat de mercredi, RESF Chalon s'associe à l'appel lancé à l'initiative d'un ensemble d'associations de syndicats, de partis et de personnalités.
Nous vous appelons à vous retrouver nombreux

SAMEDI 10 JANVIER à 15h
RASSEMBLEMENT
PLACE DE BEAUNE A CHALON

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A tous et à toutes,

La marche partira après 15h du kiosque de la Place de Beaune en empruntant le trajet suivant (déposé en sous-préfecture): Grande Rue, Rue du Châtelet, Rue aux Changes, Rue Général Leclerc, Rue du Palais et place de Beaune (kiosque). Il n'y aura pas de prise de parole à fin de la marche.

J'attire votre attention sur les points suivants: il y aura une banderole en tête de cortège commandée par la LDH (cf PJ) derrière laquelle prendront place les signataires de l'appel. Nous appelons les participants à une discrétion sur leur appartenance partisane et organisationnelle . Chacun d'entre nous pourrait imprimer (en format A4 par exemple) des affiches "Nous sommes tous Charlie" ou "Je suis Charlie" pour faire de cette marche une marche citoyenne (comme à Paris).

Planning Familial
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Message par Flo »

et si on laissait la parole aux principaux concernés ?


Luz

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Une intrevue avec Luz sur les Inrocks
voir l'article sur site des Inrocks


Luz : “Tout le monde nous regarde, on est devenu des symboles”

Une exécution collective a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Face à l’horreur, le slogan Je suis Charlie est devenu l’étendard de la liberté et de la résistance à l’obscurantisme. Luz, dessinateur emblématique de l’hebdo, prend la parole pour la première fois, au lendemain de la mort de ses amis et à la veille du grand rassemblement de dimanche.

Luz dessine à Charlie Hebdo depuis vingt ans. Il doit la vie au fait d’être né un 7 janvier, et d’être arrivé à la bourre pour la conférence de rédaction de l’hebdomadaire satirique. Il participe avec les autres “survivants” à la fabrication du numéro de Charlie Hebdo qui sortira le 14 janvier, et qui sera exceptionnellement tiré à un million d’exemplaires. Aujourd’hui, comme hier, il se rendra dans les locaux de Libération, qui abritent la rédaction, pour discuter des angles, des sujets, de la couverture. Avec d’autres dessinateurs, il ira croquer le grand rassemblement républicain de dimanche. Au lendemain de l’attaque terroriste qui a coûté la vie à ses amis, ses mentors, sa famille, Luz nous confie ses doutes, ses craintes et sa colère. Dévasté par le chagrin, il s’interroge sur la possibilité de dessiner encore après ce terrible 7 janvier 2015 et livre un témoignage à contre-courant.


La sortie de Charlie Hebdo mercredi prochain est devenu un enjeu national et politique. Comment vivre cette responsabilité dans ces terribles conditions ?
Luz - Quand j’ai commencé le dessin, j’ai toujours considéré qu’on était protégé par le fait qu’on faisait des petits Mickey. Avec les morts, la fusillade, la violence, tout a changé de nature. Tout le monde nous regarde, on est devenu des symboles, tout comme nos dessins. L’Humanité a titré en Une “C’est la liberté qu’on assassine” au dessus de la reproduction de ma couverture sur Houellebecq qui, même si il y a un peu de fond, est une connerie sur Houellebecq. On fait porter sur nos épaules une charge symbolique qui n’existe pas dans nos dessins et qui nous dépasse un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec ça.

Qu’entends-tu par “charge symbolique” ?
En 2007, avec la publication des caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten, on était soit des provocateurs, soit des chevaliers blancs de la liberté de la presse. En 2011, quand les locaux ont été incendiés, on était de nouveau des chevaliers blancs. En 2012, à l’occasion de la sortie d’un film complètement con sur les musulmans (L’Innocence des musulmans), on dessine Mahomet à l’intérieur de Charlie, comme d’habitude. On redevient alors de dangereux provocateurs qui font fermer des ambassades et terrorisent les Français de l’étranger. Les médias ont fait une montagne de nos dessins alors qu’au regard du monde on est un putain de fanzine, un petit fanzine de lycéen. Ce fanzine est devenu un symbole national et international, mais ce sont des gens qui ont été assassinés, pas la liberté d’expression ! Des gens qui faisaient des petits dessins dans leur coin.

Tu veux dire que la nature de la caricature a changé ?
Depuis la publication des caricatures de Mahomet, la nature irresponsable de la caricature a progressivement disparue. Depuis 2007, nos dessins sont lus au premier degré. Des gens ou des dessinateurs, comme Plantu, estiment qu’on ne peut pas faire de dessins sur Mahomet à cause de leur visibilité mondiale liée à Internet. Il faudrait faire attention à ce qu’on fait en France parce qu’on peut faire réagir à Kuala Lumpur ou ailleurs. Et ça, c’est insupportable.

Pourquoi ?
Depuis 2007, Charlie est regardé sous l’angle de la responsabilité. Chaque dessin a la possibilité d’être lu sous l’angle d’enjeux géopolitique ou de politique intérieure. On met sur nos épaules la responsabilité de ces enjeux. Or on est un journal, on l’achète, on l’ouvre et on le referme. Si des gens postent nos dessins sur Internet, si des médias mettent en avant certains dessins, ce sont leur responsabilité. Pas la nôtre.

Sauf que c’est absolument l’inverse qui se passe.
On doit porter une responsabilité symbolique qui n’est pas inscrite dans le dessin de Charlie. A la différence des anglo-saxons ou de Plantu, Charlie se bat contre le symbolisme. Les colombes de la paix et autres métaphores du monde en guerre, ce n’est pas notre truc. On travaille sur des points de détails, des points précis liés à l’humour français, à nos analyses de petits Français.

Des dessins parfois crasses ou punk…
Parfois cucul la praline, parfois craspouille, punk effectivement. Parfois c’est raté, parfois c’est juste beau. Charlie est la somme de personnes très différentes les unes des autres qui font des petits dessins. La nature du dessin changeait en fonction de la patte de son dessinateur, de son style, de son passé politique pour les uns, ou artistique pour les autres. Mais cette humilité et cette diversité de regards n’existent plus. Chaque dessin est vu comme si il était fait par chacun d’entre nous. Au final, la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé : détruire les symboles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes. C’est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie.

Vous êtes devenus les étendards de l’unité nationale.
Cet unanimisme est utile à Hollande pour ressouder la nation. Il est utile à Marine Le Pen pour demander la peine de mort. Le symbolisme au sens large, tout le monde peut en faire n’importe quoi. Même Poutine pourrait être d’accord avec une colombe de la paix. Or, précisément, les dessins de Charlie, tu ne pouvais pas en faire n’importe quoi. Quand on se moque avec précision des obscurantismes, quand on ridiculise des attitudes politiques, on n’est pas dans le symbole. Charb, que je considère comme le Reiser de la fin du XXe siècle et du début du XXIe, parlait de la société. Il dessinait ce qu’il y avait sous le vernis, des gens avec un gros nez, un peu moches. Là, on est sous une énorme chape de vernis et ça va être difficile pour moi.

C’est-à-dire ?
Est-ce vraiment le moment de faire Charlie alors qu’on est dans l’émotion ? Est ce opportun de le faire vite pour répondre à la symbolique de l’attentat ? Ce sont des questions que je pose. Répondre à la symbolique par la symbolique, ce n’est pas Charlie. Cette nuit, j’ai pensé à un dessin que je ne ferais certainement pas : une trace sur le sol pour montrer l’emplacement des victimes, avec une lunette dans un coin et juste une bulle qui dit “hahaha”, le tout sur fond noir. Ce n’est pas une super idée, parce que c’est l’idée que la symbolique m’impose.

La question que tu poses c’est “comment encore dessiner après ça?”
Oui. Et après ça, comment dessiner dans ce cadre-là. Dans ce Charlie fantasmé qui nous submerge.

Comment continuer Charlie Hebdo ?
La suite va être compliquée. Pour toutes les raisons que je viens de te donner et parce qu’on va être obligé de travailler sans les personnalités graphiques, politiques, éthiques et militantes de Charb, Tignous, Honoré et de tous les autres. Dans les moments difficiles où nous étions piégés par le fantasme de l’irresponsabilité, on s’en répartissait la charge. Aujourd’hui, reste Catherine, Willem, Coco et moi (et Riss blessé à l’épaule). Comment va-t-on se dépatouiller pour dépasser cette injonction symbolique avec quatre styles ? (Jul, qui avait quitté Charlie, les a rejoints pour participer au prochain numéro). Des gens nous proposent des dessins gratos. Mais est-ce qu’ils seront dans l’esprit Charlie ? L’esprit actuel existe depuis 22 ans. Ce journal existe grâce à la somme de ses personnalités.

As-tu toujours pensé qu’il fallait caricaturer le prophète ou, à un moment, as-tu eu le sentiment qu’un piège était en train de se refermer sur vous ?
Ce qui est marrant, c’est qu’on a continué à caricaturer Mahomet après 2007. Après la triple polémique 2007, 2011, 2012, Charb et Zineb El-Rhazoui ont même publié La vie de Mahomet en deux tomes. Cela n’a fait aucun bruit. On avait gagné. Charb voulait aller au bout de ce projet, droit dans ses chaussures de trekking (rires) et ses pantalons militaires tout moches qu’il aimait. Charb estimait qu’on pouvait continuer à faire tomber les tabous et les symboles. Sauf qu’aujourd’hui, nous somme le symbole. Comment détruire un symbole qui est soi-même ?

Je ne sais pas.

Moi non plus. Je ne trouverais pas la réponse cette semaine et je ne suis pas sûr de la trouver un jour. Nous allons sortir Charlie. Je vais me forcer. Je vais penser aux copains morts, mais qui ne sont pas tombés pour la France ! Aujourd’hui, on a l’impression que Charlie est tombé pour la liberté d’expression. Nos copains sont juste morts. Nos copains qu’on aimait et dont on admirait tellement le talent.

Jeannette Bougrab, la compagne de Charb, très émue, a estimé sur BFMTV qu’ils méritaient d’entrer au Panthéon.
Charlie c’est l’inverse. Et puis ça n’a pas changé grand chose pour Marie Curie d’entrer au Panthéon.

Des gens ont chanté la Marseillaise. On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabus, Honoré, Wolinski : ils auraient conchié ce genre d’attitude

Cela fait une belle cérémonie…
Je n’étais pas à la manifestation spontanée du 7 janvier. Des gens ont chanté la Marseillaise. On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabus, Honoré, Wolinski : ils auraient conchié ce genre d’attitude. Les gens s’expriment comme ils veulent mais il ne faut pas que la République ressemble à une pleureuse de la Corée du Nord. Ce serait dommage.

J’imagine que tu veux croquer le rassemblement de demain à cause de ce genre de considération ?
Je ne sais pas ce que ça va donner. On ne va pas en reportage avec ses a priori, on ressent et on fait avec ce qu’il y a. Il y aura certainement des belles choses, des pleurs, des joies et peut être des absurdités. En même temps, cela montrera le changement de nature de Charlie : ces gens qui nous soutiennent maintenant qu’on est mort, qui ne nous ont pas toujours lu, pas toujours suivi. Je ne leur en veux pas. On n’était pas là pour convaincre l’ensemble de la population.

En novembre dernier, Charb avait lancé un appel à souscription pour sauver Charlie. Vous étiez bien seuls…
On était tout seuls depuis un petit moment. Depuis la troisième affaire liée à Mahomet. Toutes ces histoires ont créé tellement de fantasmes sur la dangerosité de l’athéisme de Charlie, son islamophobie. On était juste de joyeux incroyants. Tous ceux qui sont morts étaient de joyeux incroyants. Et là, ils sont nulle part. Comme tout le monde.

Qu’est ce que tu penses du fait que Manuel Valls n’a pas convié Marine Le Pen au “rassemblement républicain” de demain ?
Je m’en branle.

Est ce que tu as l’impression qu’on essaie de récupérer Charlie ?
Honnêtement, qu’est ce que tu veux récupérer ? Après, il y a ce grand élan. Mais dans un an, que restera-t-il de ce grand élan plutôt progressiste sur la liberté d’expression ? Est ce qu’il va y avoir des aides à la presse particulières ? Est ce que des gens vont s’opposer à la fermeture des journaux ? Des kiosques ? Est ce que les gens vont acheter des journaux ? Que restera-t-il de cet élan ? Peut-être quelque chose. Mais peut-être rien.

Comment allez vous travailler ?
On va continuer à faire nos bonshommes. Notre boulot de dessinateur est de mettre le petit bonhomme au coeur du dessin, de traduire l’idée qu’on est tous des petits bonhommes et qu’on essaie de se démerder avec ça. C’est ça le dessin. Ceux qu’on a tué étaient juste des gens qui dessinaient des bonhommes. Et aussi des bonnes-femmes.

Et c’est beaucoup demander à des petits bonhommes de sauver la République ?
Exactement.


Propos recueillis par Anne Laffeter
par Anne Laffeter
le 10 janvier 2015





Willem

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"Nous vomissons sur ceux qui, subitement, disent être nos amis", lance le dessinateur de Charlie Hebdo
sur Sud Ouest

Le dessinateur néerlandais de Charlie Hebdo, Willem, a soutenu samedi dans la presse néerlandaise "vomir sur ceux qui, subitement, disent être nos amis" suite à l'attaque perpétrée contre l'hebdomadaire satirique, et a épinglé la présidente du Front national Marine Le Pen.

"Nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine : ça me fait bien rire", a-t-il ironisé dans un entretien au quotidien néerlandais de centre-gauche Volkskrant : "Marine Le Pen est ravie lorsque les islamistes se mettent à tirer un peu partout".
Interrogé sur le soutien du chef de file de l'extrême droite néerlandaise Geert Wilders, Willem persiste et signe : "nous vomissons sur tous ces gens qui, subitement, disent être nos amis".

De son vrai nom Bernard Holtrop, le dessinateur satirique de 73 ans réside en France depuis de nombreuses années. Il publie pour Charlie Hebdo et dans le quotidien Libération.

"Ils n'ont jamais vu Charlie Hebdo"

Questionné sur le soutien mondial à Charlie Hebdo, Willem poursuit, ironique : "ils n'ont jamais vu Charlie Hebdo".

"Il y a quelques années, des milliers de gens sont descendus dans les rues au Pakistan pour manifester contre Charlie Hebdo. Ils ne savaient pas ce que c'était", a-t-il assuré.

"Maintenant c'est le contraire, mais si les gens manifestent pour défendre le libre mot, c'est naturellement une bonne chose", a-t-il conclu.

Willem était dans le train mercredi entre Lorient et Paris lorsqu'il a appris l'attaque menée contre Charlie Hebdo par deux islamistes radicaux. "Je ne viens jamais aux réunions de rédaction car je n'aime pas ça", avait-il assuré au quotidien Libération : "ça m'a sauvé la vie, peut-être".

Il avait aussi insisté sur l'importance de continuer à publier Charlie Hebdo et à dessiner : "sinon, ils ont gagné".
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Drik
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Message par Drik »

Petite réflexion sur l'actu du moment et clin d'oeil à ceux de là haut !
Je ne crois pas qu'ils aimeraient ce qui est en train de se passer !

https://www.dropbox.com/s/0427od2auwivz ... 2.jpg?dl=0
C'est quand il n'y a pas grand monde qu'il y a grand-chose

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Message par les enclumés »

Charlie,
Je dis que je t'aime, parce que malgré tous tes efforts, je n'ai pas réussi à me départir de mes bonnes manières acquises en famille et à l'église. En fait je devrais plûtot dire que je t'ai aimé, puis oublié et que face à la mort, je retrouve mes élans d'adolescent ammouraché de 4 feuilles de papier de qualité médiocre que l'on s'arrachait au lycée toutes les semaines. C'est vrai que tu t'es amusé à changer de nom, mais que ce soit ton grand-Père Hara ou ton papa , le vrai Charlie, on n'était pas dupe.
Le catéchisme et les bons pères n'avaient pas eu raison de mes questions. Et soudain, un dessin de Gébé, de Wolinski, de Reiser, l'édito de Cavanna, les conneries de Choron ou les diatribes de Delfeil de Ton me parlaient au plus profond, me disaient ce que tout mon entourage craintif aux changements (surtout idéologiques) ne voulait pas que j'entende. Et Fournier qui nous a tous convaincu de garder les pieds sur terre ...
Ah, Bondieu que c'était bon de chercher ensuite à t'imiter dans nos petits journaux de lycée en évitant tous les comités de censure que les profs et le proviseur avaient inventés pour nous contraindre à ne pas faire exploser ce que l'on avait au plus profond.
Tu as été mon catéchisme, Charlie, ma Bible, mon Coran, ma Torah, mais aussi mon almanach Vermot. Je te dois en grande partie mon goût de chiotte pour un humour sans grâce et les jeux de mots laids et faciles. Mais aussi un engagement sans réserve contre la connerie et l'autorité imbécile. Je te dois quelques belles manifs et des prises de position qui ont pu me coûter quelques réprimandes familiales d'abord et patronales ensuite, et militaires entre les 2.
Et le temps a passé. Toi aussi tu as changé, comme moi. Toi aussi tu en as chié comme tant d'autres sur cette terre, mais tu as résisté contre les tentatives nombreuses et pas seulement intégristes de te faire taire. Je suppose d'ailleurs que certains bien-pensants, ne sont pas aussi révoltés que moi sur la tragédie qui te touche.
Plus de quarante ans après, je dois avouer que je t'avais non pas oublié, mais disons un peu snobé. Je regardais bien de temps en temps tes couvertures plus ou moins à mon goût, mais je te tenais à l'oeil, comme d'anciens convaincus qui pensent avec regret ,mais envie, à l'objet de leurs amours passées.
Aujourd'hui plus que des pleurs, j'ai une peine énorme au fond de la gorge. Mais tu n'es pas mort Charlie. Ils t'ont gravement blessé, mais, ami tu es encore vivant. Tu as perdu des amis et des frères, mais tu es toujours là, Charlie. Ne lâche rien. Fais toi une convalescence dopée au jus de liberté et de fraternité. La connerie et l'ignorance sont plus vulgaires que tes dessins et tes éditos, Ne les laisse pas gagner, ne les laissons pas gagner.
De tout coeur avec toi et les familles de tous les disparus qui vont tant leur manquer.
Je te le redis encore Charlie, je t'aime.


--
Gérard Mayen

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Message par Flo »

Ne laissons pas trahir Charlie !
Par UFAL le 11 janvier 2015

L’UFAL salue les millions de citoyens qui ont manifesté leur solidarité et leur unité face aux massacres commis dans les locaux de Charlie Hebdo et dans un magasin juif. Ces actes odieux qui ont coûté la vie à 3 policiers et 14 citoyens désarmés et pacifiques, blessé plusieurs autres, ont visé ceux qui font usage de leur liberté d’expression, ceux qui maintiennent l’ordre républicain, et des citoyens français au motif qu’ils étaient juifs. Chacun peut reconnaître dans ces assassinats la marque brutale et indiscutable du fascisme. Ni choc de civilisations, ni guerre de religions, il s’agit bien d’une attaque frontale contre la liberté, l’égalité, la fraternité, contre les principes de la République laïque. L’UFAL a appelé à cette manifestation : la grande diversité des hommes et des femmes rassemblés montre qu’une très large majorité d’habitants de ce pays sent qu’à travers ces crimes c’est à la Nation tout entière que les terroristes s’en prennent.

Mais si l’UFAL se félicite des soutiens manifestés à l’étranger, elle condamne la récupération politicienne tentée par le pouvoir en invitant des représentants d’États et d’entités internationales, notamment de la Troïka, de l’OTAN et de pays réprimant ouvertement les libertés individuelles. Non ! Notre rassemblement rejette le prétendu choc des civilisations. Il ne se fait pas au nom de la lutte contre un « terrorisme » largement alimenté par les choix politiques de l’occident néo-libéral. Non ! La sécurité des citoyens ne doit pas servir de prétexte à de nouvelles mesures de restriction des libertés.

Pour l’UFAL, seule doit compter la dimension citoyenne et républicaine de cette marche ! Faire peuple ! Ensemble ! Au nom des principes républicains, de l’antiracisme, de la laïcité, du refus de toute stigmatisation, de la lutte contre toutes les formes d’intégrisme et de fascisme, de la liberté d’expression. Elle appelle à défendre le principe de laïcité, fondement de notre société, seule voie de la concorde sociale parce qu’elle refuse de séparer les citoyens en communautés.

Nous devons aussi tirer les leçons de 10 ans de silence, de lâchetés et de compromissions : c’est faute d’avoir été plus largement soutenu que Charlie est devenu une cible. Il faut en finir une fois pour toutes avec les réserves hypocrites (« ils vont trop loin »), voire les attaques directes qui, au nom de la dénonciation d’une prétendue « islamophobie », veulent interdire toute critique des religions, tout droit à la dérision, et rétablir le « délit de blasphème » aboli par le droit républicain.

L’UFAL prendra les initiatives nécessaires pour aider au rassemblement des partisans de la laïcité, sous toutes les formes d’action possible, pour faire vivre nos libertés, sans exception.

http://www.ufal.org/feminisme-et-laicit ... %E2%80%89/
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