Re: Nü Köza à Dijon
Publié : 29 août 2010 13:50
La galerie Nü Koza ouvre sa nouvelle saison culturelle et artistique 2010/2011, et à cette occasion nous avons le plaisir de vous inviter à
l'exposition de la photographe NADINE MONNIN
du 2 au 22 septembre
VERNISSAGE LE JEUDI 02 SEPTEMBRE À 19H
Nadine Monnin : quand la photographie nous révèle.
Ma première rencontre avec Nadine Monnin fut dans l’atelier du peintre Michael Weston à Paris. Présence en creux absolument silencieuse comme si elle voulait être oubliée. Plus tard j’ai vu les photos qu’elle avait prises. Plein cadre sur un mur vide constellé de souillures de peintures et de poussières sur le négatif, quelques restes de tableaux à la périphérie. Elle fit à Nîmes des photos dans le mien, jamais cadrées là où il est convenu, décalées, à l’interstice entre ce qui finit et commence à peine d’être. Le blanc entre les mots, le silence entre elle et le tableau, un point de vue absent mais avec une telle ardeur au détachement qu’il en deviendrait paradoxalement incarné. Elle m’a montré, insatisfaite comme toujours, ses premières photos de la boxe sans boxeur, pas le ring mais les vestiaires vides. Là où se décompose le mythe, où se défait le héros, où ça pue la sueur et la misère. Et pourtant rien de vraiment anecdotique, que le vide qui perd et qui embue le regard.
Un jour en été une photo prise à Kerity ou n’importe où ailleurs. Des gens quelconques assis en ringuette sur un muret de granit, dos à l’océan me dit-elle, mais on ne le voit pas, qui attendent une course cycliste qui ne passera jamais dans le cliché. Photo de vacances à l’envers, surtout rien de pittoresque, pas d’obscénité de voyeuse, mais étrangement neutre, presque s’excusant de l’avoir prise avec trop d’attention. J’ai rarement eu ce sentiment de l’inversion du point de vue. C’est toujours le photographe qui regarde et la photo qui en serait la preuve. Là c’est le photographe qui est vu par la photographie, presque jugé. Négatif 67 fois trituré, retiré sur une émulsion étalée négligemment au centre flou de grands papiers Rives. Juste pour faire apparaître l’impossible forme de l’attente, l’étendue du vide qui s’étend à notre place et nous y assigne.
Il y a de la magie, photo de médium qui tente de donner une image aux disparus. Il y a de l’alchimie dans la surprise des ratages qui montent dans des émulsions aléatoires. Ce qui se révèle est presque rien, des scories ambigu¨es où tous les sens et les lectures semblent possibles, dans la lumière inactinique où le grain de photo monte et laisse plus de preuves que la réalité qu’elle est censée enregistrer. Panse de porc, pomme de terre germée, trou d’eau des laisses de la mer. N’est-ce que cela ou autre chose ? Vanités en déréliction et l’humour comme un rire jaune. L’acide citrique mélangé au nitrate d’argent cela fait et défait ces images qui se tiennent à peine entre l’effacement et l’apparition. Il y a eu ces 30 grands portraits de femmes nés comme par hasard dans les méandres émulsionnés de la poudre et des sécrétions aqueuses touillées à la brosse. Peindre avec la certitude de n’en rien savoir, que cela n’a pas de sens ou bien tous réunis, que cela ne tient que par les yeux qui vous obligent tour à tour à la fixer, à baisser votre regard, à vous brouiller le cristallin, à n’en pas croire vos yeux, toujours en doute. Aucun jugement esthétique, c’est ni fait ni à faire. C’est, simplement. Rarement avoir été regardé comme cela. Je l’ai vue à Nîmes, minute après minute, dessiner les yeux fermés des têtes réduites qu’elle avait dans la tête, 600 en tout jusqu’à se noyer dans la foule intérieure et hybride en espérant que naisse quelque chose qui n’aurait d’autre nécessité que l’évidence éblouissante et précaire d’un être. C’est poignant, ce sentiment si fugace et fragile sert, seul, de preuve et nous restons toujours ainsi démunis. Tout cela est au-delà de l’esthétique, c’est une position éthique, difficile à tenir mais que Nadine Monnin poursuit sans aucune concession. C’est à prendre ou à laisser, il n’y a jamais de faux-semblant, ni d’effets plastiques, ni d’emphase de mise en image. Toujours au plus serré, au plus modeste, au plus juste. Alors, cap au pire. C’est là notre vérité.
Alain Clément, peintre
Nîmes
Renseignements/informations : 06 74 51 15 45
Galerie Nü Köza
18 rue Charlie Chaplin, quartier du Petit-Cîteaux, Dijon.
du mardi au dimanche, 14H-19H
l'exposition de la photographe NADINE MONNIN
du 2 au 22 septembre
VERNISSAGE LE JEUDI 02 SEPTEMBRE À 19H
Nadine Monnin : quand la photographie nous révèle.
Ma première rencontre avec Nadine Monnin fut dans l’atelier du peintre Michael Weston à Paris. Présence en creux absolument silencieuse comme si elle voulait être oubliée. Plus tard j’ai vu les photos qu’elle avait prises. Plein cadre sur un mur vide constellé de souillures de peintures et de poussières sur le négatif, quelques restes de tableaux à la périphérie. Elle fit à Nîmes des photos dans le mien, jamais cadrées là où il est convenu, décalées, à l’interstice entre ce qui finit et commence à peine d’être. Le blanc entre les mots, le silence entre elle et le tableau, un point de vue absent mais avec une telle ardeur au détachement qu’il en deviendrait paradoxalement incarné. Elle m’a montré, insatisfaite comme toujours, ses premières photos de la boxe sans boxeur, pas le ring mais les vestiaires vides. Là où se décompose le mythe, où se défait le héros, où ça pue la sueur et la misère. Et pourtant rien de vraiment anecdotique, que le vide qui perd et qui embue le regard.
Un jour en été une photo prise à Kerity ou n’importe où ailleurs. Des gens quelconques assis en ringuette sur un muret de granit, dos à l’océan me dit-elle, mais on ne le voit pas, qui attendent une course cycliste qui ne passera jamais dans le cliché. Photo de vacances à l’envers, surtout rien de pittoresque, pas d’obscénité de voyeuse, mais étrangement neutre, presque s’excusant de l’avoir prise avec trop d’attention. J’ai rarement eu ce sentiment de l’inversion du point de vue. C’est toujours le photographe qui regarde et la photo qui en serait la preuve. Là c’est le photographe qui est vu par la photographie, presque jugé. Négatif 67 fois trituré, retiré sur une émulsion étalée négligemment au centre flou de grands papiers Rives. Juste pour faire apparaître l’impossible forme de l’attente, l’étendue du vide qui s’étend à notre place et nous y assigne.
Il y a de la magie, photo de médium qui tente de donner une image aux disparus. Il y a de l’alchimie dans la surprise des ratages qui montent dans des émulsions aléatoires. Ce qui se révèle est presque rien, des scories ambigu¨es où tous les sens et les lectures semblent possibles, dans la lumière inactinique où le grain de photo monte et laisse plus de preuves que la réalité qu’elle est censée enregistrer. Panse de porc, pomme de terre germée, trou d’eau des laisses de la mer. N’est-ce que cela ou autre chose ? Vanités en déréliction et l’humour comme un rire jaune. L’acide citrique mélangé au nitrate d’argent cela fait et défait ces images qui se tiennent à peine entre l’effacement et l’apparition. Il y a eu ces 30 grands portraits de femmes nés comme par hasard dans les méandres émulsionnés de la poudre et des sécrétions aqueuses touillées à la brosse. Peindre avec la certitude de n’en rien savoir, que cela n’a pas de sens ou bien tous réunis, que cela ne tient que par les yeux qui vous obligent tour à tour à la fixer, à baisser votre regard, à vous brouiller le cristallin, à n’en pas croire vos yeux, toujours en doute. Aucun jugement esthétique, c’est ni fait ni à faire. C’est, simplement. Rarement avoir été regardé comme cela. Je l’ai vue à Nîmes, minute après minute, dessiner les yeux fermés des têtes réduites qu’elle avait dans la tête, 600 en tout jusqu’à se noyer dans la foule intérieure et hybride en espérant que naisse quelque chose qui n’aurait d’autre nécessité que l’évidence éblouissante et précaire d’un être. C’est poignant, ce sentiment si fugace et fragile sert, seul, de preuve et nous restons toujours ainsi démunis. Tout cela est au-delà de l’esthétique, c’est une position éthique, difficile à tenir mais que Nadine Monnin poursuit sans aucune concession. C’est à prendre ou à laisser, il n’y a jamais de faux-semblant, ni d’effets plastiques, ni d’emphase de mise en image. Toujours au plus serré, au plus modeste, au plus juste. Alors, cap au pire. C’est là notre vérité.
Alain Clément, peintre
Nîmes
Renseignements/informations : 06 74 51 15 45
Galerie Nü Köza
18 rue Charlie Chaplin, quartier du Petit-Cîteaux, Dijon.
du mardi au dimanche, 14H-19H