Edvard MUNCH

les rois du pinceaux, du ciseau et de la lentille vous en mettent plein la vue !

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Edvard MUNCH

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Edvard Münch

voici un dossier que j'avais fait sur Münch de l'époque des Beaux-Arts. Bonne lecture ;)

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Münch et la mort
On peut rechercher l'origine de sa carrière de peintre dans sa situation familiale et plus généralement dans la vie au sein de la capitale de la Norvège.
C'est entre la maladie et le puritanisme, qui sont les deux pôles de son art, qu'oscille dès le départ l'œuvre de Münch.
Dès son enfance, il fut marqué par la maladie - la tuberculose.
A l'âge de 5 ans, il perd sa mère.
Il suivit l'évolution de cette maladie et l'agonie de sa sœur alors qu'elle n'avait pas 15 ans.
En 1889, son père meurt à son tour.
En 1885-86, il peint "L'Enfant Malade" et exprime donc cette expérience de la maladie et de la mort :

"Sans la peur et sans la maladie, ma vie serait comme un bateau sans rames."
E.M.

La tuberculose était alors une maladie qui faisait figure d'épidémie et de nombreux peintres ont abordé le thème de l'enfant malade comme Christian Krohg (1852-1925) l'un des maîtres de Münch, Hans Heyerdahl (1857-1913) ou encore le suédois Ernst Josephson (1852-1906) et le danois Michaël Ancher (1849-1927). Münch les surnommait "les peintres à oreillers". Cependant, il regrettait que ceux-ci n'approfondissent pas mieux le sujet.

"Je suis sûr que c'est à peine si un de ces peintres a su boire son sujet jusqu'à la dernière goutte d'amertume, comme je l'ai fait pour "L'Enfant Malade". Ce n'était pas seulement moi qui était assis là-bas. C'était tous les êtres qui m'étaient chers..."
E.M.

Caractère éphémère de l'existence terrestre
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L'Enfant malade, 1885/86 - huile sur toile, 119,5 x 118,5 cm - Oslo, Nasionalgalleriet


L'Enfant Malade
1885/86, retravaillé dans les années 90.

"Les différentes couches de peinture sont marquées de griffures profondes qui témoignent de l'intensité émotionnelle et de la nervosité qui ont présidé à ce travail.
[...] La puissance de ce tableau est toute intérieure. La lumière ne se manifeste pas à la façon d'un éclairage qui, de l'extérieur, viendrait modeler les corps et les objets, mais à la manière d'un rayonnement qui serait inhérent à la nature même de l'oreiller ou du visage presque translucide de la jeune fille malade."
Arne Eggum

Les critiques professionnels des quotidiens ont eu pour cette toile une grande "répugnance". Ils se sont quelquefois contentés d'un verdict de laideur absolue parlant du tableau de Münch comme d'un "portrait d'une dame en noir", "d'une laideur à faire dresser les cheveux sur la tête".
Au regard de la virulence du rejet dont cette toile fit l'objet, qu'à travers Münch, c'était toute la bohème de Christiania que la presse bourgeoise voulait mettre au pilori.
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Le Printemps, 1889 - huile sur toile, 169 x 263,5 cm - Oslo, Nasionalgalleriet

L'année 1889 est décisive pour Münch.
Il commence par tomber gravement malade. Pendant sa convalescence il peint "Le Printemps" grâce auquel il obtient une nouvelle bourse d'Etat en vue d'un séjour assez long à Paris.
Cette même année, il peint "Nuit D'été (Inger au bord de l'eau)" dans lequel il donne un apport nettement plus personnel où diverses oppositions nous frappent par leur cohésion. Celle du rouge et du bleu, de la lumière et des couleurs, du personnage et du paysage.
Il faut noter ici que Münch travaillait d'après mémoire.

"Je ne peins pas ce que je vois, mais ce que j'ai vu".
E.M.

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Nuit d'été (Inger au bord de l'eau), 1889 - huile sur toile, 126,5 x 162 cm - Bergen, Collection Rasmus Meyer

à suivre...
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Münch et Paris

Münch tente de mieux comprendre ses rapports avec l'art français. Il suit les cours de Léon Bonnat. Lors des visites aux grandes expositions de l'époque, il découvre les toiles de Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Monet, Pissaro, Manet et Whistler.
Il peint "Nuit à Saint Cloud" (1890), "Rue Lafayette" (1891) et de nombreuses autres toiles qui restent cependant sereines si on les compare aux œuvres peintes au cours de ces années-là qui sont puissantes et tourmentées.

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Nuit à Saint Cloud, 1890 - huile sur toile

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Rue Lafayette, 1891 - huile sur toile

à suivre... toujours...
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Berlin

A la fin du mois d'octobre 1892, Münch se rendit à Berlin en emportant avec lui tous ses tableaux.
La conservatrice de l'association des Artistes Berlinois, qui ignorait tout de lui, l'invita sur un conseil d'un ami à organiser une première exposition personnelle de ses travaux.
L'exposition, qui comportait 55 tableaux, fut inaugurée le 5 novembre 1892 et fermée le 12 novembre, au terme d'une effroyable polémique : Toute la presse berlinoise cria au scandale, tandis que les membres de l'association discutaient pour savoir s'il était possible d'exclure un hôte étranger qu'on venait d'inviter. Le mépris avec lequel la presse de l'époque parla de ses œuvres fut tel que même son nom fut saccagé : E. Blunch.
Les critiques n'en était plus et devenaient insultes :
"Ces tableaux [...] ne sont que des barbouillages bâclés, de sorte qu'il semble quelquefois difficile d'y distinguer quelque chose qui ait figure humaine. Il n'y a rien à dire des tableaux de Münch, parce qu'ils n'ont rien à voir avec l'Art."
Adolf Rosenberg

Citons par opposition Christian Krohg à propos de l'Art et de Münch :
"L'Art est achevé quand l'artiste a vraiment dit tout ce qu'il avait sur le cœur..."

L'exposition interdite fut présentée à Dusseldorf et à Cologne, grâce au marchand d'art Schulte. En décembre 1892, elle était de retour à Berlin.
Dans les années suivantes, Berlin devint la seconde patrie de Münch. Il passe les mois de Juin et de septembre 1895 ainsi que le printemps 1896 à Paris.


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La Voix, 1893 - huile sur toile, 87,5 x 108 cm - Boston, Museum of Fine Arts

...
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La fresque de la Vie

Désir de Münch de créer une œuvre englobant tous les aspects de la vie humaine.
Il s'installe dans une station balnéaire du nom d'Aasgaardstrand à 80 Kms d'Oslo.
En 1883, il présente à Berlin "La Voix" qui est la première partie d'une série de six tableaux qui, sous le titre de "L'Amour" allaient devenir plus tard le noyau de "La fresque de la Vie".
On notera ici la colonne en forme de i constituée par la lune et son reflet qui prend valeur de motif principal. Cette forme sera reprise sans cesse ("Clair de lune", "La danse de la Vie")
On constate dans cette peinture une simplification des formes, une composition géométrique.
On remarque aussi une jonction entre l'eau et la terre. Münch pensait qu'il serait mieux compris du public si son œuvre était considéré comme un ensemble.

"Ces toiles, il est vrai relativement difficiles à comprendre, seront, je crois, plus faciles à appréhender si elles sont intégrées à un Tout. Elles parleront d'Amour et de Mort."
E.M.

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Clair de lune, 1895

En 1902, il présente ses tableaux selon la thématique suivante : "Eveil de l'Amour", "Épanouissement et déclin de l'Amour", "Angoisse de vivre" et "Mort".



à suivre :D
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La puberté (1884)
Cette toile ne fait pas parti de la fresque de la vie, mais elle aurait fort bien pu être présente dans "l'éveil de l'Amour".
Ce qui semble le plus étonnant dans cette toile est l'importance donnée à l'ombre de la jeune fille.
Münch cite dans des notes que l'ombre renvoie à son passé qu'il se remémore, à ces morts qu'il a personnellement vécues. Cependant, l'ombre de cette toile semble plutôt exprimer la menace latente de l'avenir.

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La Puberté, 1894 - huile sur toile, 151,5 x 110 cm - Oslo, Nasjonalgalleriet



La Tempête (1893) représente sans doute le paysage spirituel de Münch.
A mi-hauteur du tableau, sur la gauche, figure un groupe de femmes qui se plaquent les mains contre leurs oreilles pour ne pas entendre le bruit de la tempête ?
On remarque de nombreuses tensions intérieures dans cette toile. Ces mains sur les oreilles peuvent refléter l'état psychique d'une société au bord de l'implosion.
Le groupe de femmes semble incarner l'énergie psychique. La femme blanche isolée, ressemble au personnage du "Cri".

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La Tempête, 1893 - huile sur toile, 91,5 x 131 cm - New York, Museum of Modern Art

à suiiiiivvrrrrreee.....
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La Madone (1894/95) exposée en première position de la série "Épanouissement et Déclin de l'Amour" en 1903.
Cinq version de ce tableau existe. Lors de sa première exposition publique, elle est présentée avec un cadre sur lequel figuraient, peints ou sculptés, des spermatozoïdes et des embryons, ce qui conférait à la Madone une signification en relation avec la conception (les spermatozoïdes) et la Mort (les spermatozoïdes avaient des têtes de mort).
Ce tableau semble traversé de courants et on ressent un état de flottement entre le sommeil et la veille, entre la station debout et la station couchée, entre l'immersion et l'émergement, entre le dévoilement et la dissimulation.

Image
La Madone, 1894/95 - huile sur toile, 91 x 70,5 - Oslo, Nasjonalgalleriet

"Cette pause par laquelle le monde arrête sa course
Ton visage contient toute la beauté du royaume terrestre
Tes lèvres rouge-carmin comme le fruit à venir
S'entrouvent comme dans la douleur
Le sourire d'une dépouille
Maintenant la vie tend la main à la mort
la chaîne s'établit, qui relie entre eux les milliers de races mortes avec les milliers de celles qui viendront."

E.M.
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Cendre (1894)
Caractère théâtral de cette toile.
En bas, à gauche, on voit un homme recroquevillé représentant le désespoir, l'affliction ou la simple mélancolie.
Au centre une femme se dresse, les mains sur la tête, le visage figé, les yeux écarquillés.
Ces deux personnages ont des poses d'une gestuelle expressive comparables à celles du théâtre
> idée des mondes magiques de Shakespeare ou des drames métaphysiques d'Ibsen.
> idée de mise en scène. Le tronc d'arbre glissant le long du tableau à gauche et s'écoulant au bas de la toile rappelle le squelette de "l'autoportrait au bras de squelette" (1895 - lithographie).

Image
Cendre, 1894 - huile sur toile, 120,5 x 141 cm - Oslo, Nasjonalgalleriet
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La danse de la vie (1899-1900)

La présence des femmes est centrée sur l'homme, sur ses désirs, ses expériences et ses déceptions.
Seul un des portraits est visible, c'est celui de l'homme grimaçant à la droite de la toile. Rappel d'Ensor.
Là encore, on aperçoit la colonne de lune en forme de i.

"Au milieu, la grande toile que j'ai peinte cet été. Je dansais avec mon premier amour ; il s'agissait d'un souvenir d'elle.
C'est alors qu'entre la femme souriante aux boucles blondes, qui veut arracher la fleur de l'amour, mais qui ne s'autorise pas à être elle-même cueillie. A l'opposé, une femme habillée de noir regarde, pleine de chagrin, le couple en train de danser. Elle est l'exclue, tout comme j'ai été exclu par sa danse [...]"

E.M.

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La Danse de la Vie, 1899/1900 - huile sur toile, 125,5 x 1905 cm - Oslo, Nasjonalgalleriet


"La fresque de vie a été pensée comme une série cohérente de tableaux, qui doivent donner ensemble un aperçu de la vie. Toute la fresque est traversée par la ligne diffuse du rivage, au-delà de laquelle déferle la mer toujours en mouvement ; Les diverses formes de la vie se déploient sous le couvert des grands arbres, avec leurs soucis et leurs joies.
J'ai ressenti cette fresque comme un poème de vie, d'amour et de mort... les tableaux avec le rivage et les arbres - ce sont toujours les mêmes couleurs qui réapparaissent ici -, la nuit d'été donne l'accord -, les arbres et la mer donnent les lignes verticales et horizontales qui se répètent sur toutes les toiles, le rivage et les personnages donnent le ton de la vie qui foisonne à son gré -, des couleurs puissantes répandent à travers toutes les toiles l'écho du même accord..."

E.M.
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