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Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 05 nov. 2016 14:26
par Christel
“Ecologisme et transhumanisme – Des connexions contre nature”, un texte de TomJo, est à lire ici : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip ... rticle=879

Primevère, le plus grand salon écologiste français, invitait en 2016 un représentant du mouvement transhumaniste à pérorer. Didier Cœurnelle, vice-président de l’Association française transhumaniste, est élu Vert en Belgique. Il aurait eu les mots pour séduire les visiteurs de Primevère, avec une « vie en bonne santé beaucoup plus longue, solidaire, pacifique, heureuse et respectueuse de l’environnement, non pas malgré, mais grâce aux applications de la science. » Il aura fallu les protestations d’opposants aux nécrotechnologies pour que le salon annule son invitation.
Les transhumanistes ne luttent pas contre les nuisances. Technophiles et « résilients », ils comptent sur l’ingénierie génétique, la chimie et les nanotechnologies pour adapter la nature humaine et animale à un milieu saccagé. Pourtant, écologistes, végans et sympathisants de gauche prolifèrent au sein de ce mouvement anthropophobe : c’est ce que montre le texte de TomJo.

Les écologistes ne sont pas seuls à promouvoir le techno-progressisme transhumaniste. A Marseille, c’est le Medef qui invite les représentants de l’Association française transhumaniste – qui sont donc à la fois écolos et libéraux -, le 6 décembre 2016 pour le forum “Health Future Show” (en provençal dans le texte, et avec les subventions publiques idoines).

C’est que le parti techno-progressiste réunit aussi bien des écolos que des entrepreneurs, de droite et de gauche. Ecoutez Radio France, lisez Le Monde et L’Observateur : les uns comme les autres communient dans le business de l’eugénisme technologique. Ils n’ont donc pas fini de transformer le monde et de changer la vie – à moins qu’on ne les désactive.


TomJo anime le site http://hors-sol.herbesfolles.org/
Il participera à une conférence-débat "Du monde machine aux transhumains" le 11 novembre 2016 à 14h au salon Marjolaine de Paris (parc floral de Vincennes), avec Jean-Louis Meurot, éleveur de moutons, et Pièces et main d’oeuvre.

Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 22 déc. 2016 15:41
par Christel
Christine Lagarde reconnu coupable de négligence dans le dossier de l'arbitrage du dossier Tapie - qui nous a coûté plus de 400 millions d'euros- , mais a été dispensé de peine par la Cour de Justice de la République !
Signer la pétition https://www.change.org/p/un-vrai-proc%C ... ne-lagarde
Et à lire aussi :
Les 500 plus fortunés de France se sont enrichis de 25 % en un an

http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
Naturellement, ces 2 informations n'ont aucun rapport l'une avec l'autre !

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Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 12 sept. 2017 00:16
par Flo
le mensonge des medias... c'est très fort

https://www.youtube.com/watch?v=VAC348XEf_0

Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 02 nov. 2017 11:29
par Christel
Salut,
Vous êtes contre l'eugénisme ? Alors vous serez peut-être, bientôt, un "chimpanzé du futur"...

Je vous conseille ainsi la vidéo suivante (et/ou la lecture du livre associé) :
https://www.youtube.com/watch?time_cont ... VLeBTkeo0g

Si vous connaissez déjà les thèses de P.M.O. il y a les intéressantes questions du public directement à partir de : 57min33s.

Amitiés simiesque !
Sylvain

Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 12 nov. 2017 20:12
par Flo
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Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 21 nov. 2017 14:27
par les enclumés
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Loïc Canitrot est poursuivi suite à l’occupation du MEDEF du 7 juin 2016. Il est faussement accusé de «violences en réunion» par un cadre du syndicat patronal.

CONTEXTE
Avril 2016 : syndicats de salariés et d’employeurs du spectacle sont parvenus à un accord sur l’assurance chômage pour les intermittents, artistes et techniciens. Seuls la confédération CFDT et le MEDEF refusent de ratifier son entrée en vigueur.
Juin 2016 : une centaine d’intermittents et d’opposants à la Loi Travail-n°1 s’invitent au siège du MEDEF.
Propositions en main, ils réclament un régime d’indemnisation mieux adapté à leurs métiers et des allocations décentes pour tous les chômeurs. Loïc Canitrot, membre de la Compagnie Jolie Môme, militant syndical, co-fondateur de Nuit Debout est parmi eux.
Loïc est mobilisé depuis des années pour les droits des sans papiers, des élèves de Seine Saint Denis, et ceux des intermittents du spectacle. Figure emblématique des luttes, il est connu pour son sang froid, sa détermination et sa sérénité en toute occasion.

ACCUSATION
Entrés sans difficulté par la porte principale, les manifestants sont aussi déterminés que calmes.
Le directeur de la sécurité du MEDEF, quant à lui, « pète les plombs », il injurie les manifestants, puis frappe Loïc d’un coup de pied aux testicules, s’enferme dans son bureau, appelle la police et porte plainte au motif mensonger d’un coup de poing de Loïc contre lui…

Arrêté, Loïc passe de victime à suspect, puis présumé coupable, au cours de ses 48 heures de garde à vue.

SOUTIEN
À l’appel de la Compagnie Jolie Môme, de la fédération CGT Spectacle, de la Coordination des Intermittents et Précaires d’IDF, de la CNT spectacle, de Solidaires Saint-Denis et de l’UD-CGT-93, ce procès mobilise de nombreuses organisations syndicales et politiques, des personnalités du mouvement associatif et du spectacle et les milliers d’individus qui ont signé l’appel « Le Medef nous les brise ». Nombre d’entre eux seront présents devant le tribunal ce 30 novembre dès 8h.
Frédéric Lordon, Denis Gravouil et Arlette Laguillier viendront témoigner à l’audience.


EN VÉRITÉ
Personne n'a porté de "coup de poing" à ce monsieur malgré ses insultes et sa violence.
Le Medef ment, le Medef frappe, le Medef se croit tout permis, y compris de tenter d’instrumentaliser la police et la justice pour réprimer et intimider ses opposants politiques.
Mais surtout, le Medef est le premier coupable des violences sociales qui s'exercent quotidiennement dans ce pays contre les chômeurs et les travailleurs !

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CRIMINALISATION DU MOUVEMENT SOCIAL
Des procès très politiques visent des militants suite au mouvement du printemps 2016, suite au soutien apporté aux réfugiés ou à la tension croissante dans les quartiers populaires.Toutes ces intimidations et répressions ne sont que des attaques contre les libertés d’opinions et d’expressions.
Nous manifestons et manifesterons une solidarité sans faille envers tous ces camarades.

Pour la relaxe de Loïc,
contre les répressions politiques,
pour la séparation du Medef et de l’État !

RDV jeudi 30 novembre à 8h devant le Palais de justice de Paris, M° Cité


Contact et renseignements :
Compagnie Jolie Môme 01 49 98 39 20 - www.cie-joliemome.org


http://www.cie-joliemome.org

La compagnie Jolie Mome est accueillie par la ville de Saint-Denis.
http://www.cie-joliemome.org

La compagnie Jolie Mome est accueillie par la ville de Saint-Denis.
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Liste d'information
Pétition : Si j'avais su, j'y serais allé
http://www.cie-joliemome.org/petition/

Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 08 déc. 2017 23:14
par colette
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Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 13 févr. 2018 23:29
par Flo
COUTEUX,INTRUSIF,INCOMPREHENSIBLE,
LA COUR DES COMPTES EPINGLE LINKY

https://videos2.next-up.org/Linky_Cour_des_Comptes.html

Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 17 févr. 2018 13:41
par Flo
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Re: société, société, tu t'laisses aller

Publié : 17 févr. 2018 14:17
par Christel
Nos cerveaux,
Zone à défendre prioritaire


Les irréductibles de Notre-Dame-des-Landes ont lancé une idée : « des ZAD partout ! » Quelle que soit la possibilité concrète de cette idée, il a fallu pour la former des esprits capables de raisonner à partir de leur expérience et de leur connaissance. L’autonomie de pensée est la mère de toutes les autonomies. Il n’est pas dit que les enfants d’aujourd’hui disposent encore longtemps de la base biologique de cette pensée, ni des facultés cognitives nécessaires à celle-ci, ni même des capacités minimales de s’exprimer. Le mode de vie des sociétés cyber-industrielles attaque notre for intérieur. S’il est une ZAD à établir d’urgence, c’est celle de nos cerveaux. Faute de quoi, nous ne saurons même plus pourquoi il faudrait se défendre.

C’est la science qui le dit. Le quotient intellectuel moyen chute depuis les années 2000. Moins 3,8 points en dix ans pour la France. Quoi qu’on pense du QI comme étalon de l’intelligence, cette chute signifie quelque chose. Pour l’endocrinologue Barbara Demeneix, aucun doute : en attaquant l’hormone thyroïdienne maternelle, les perturbateurs endocriniens affectent le cerveau du fœtus. Des études ont établi le lien entre l’exposition de la mère aux phtalates, pesticides et autres ingrédients de notre cocktail chimique quotidien et un risque accru de troubles du spectre autistique ou du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité chez l’enfant à naître (1). Réfléchissez avant de faire des bébés.

Étonnant : les produits neurotoxiques attaquent nos neurones. Pourquoi des insecticides conçus pour endommager le système nerveux central d’êtres vivants nous épargneraient-ils (2) ? La revue Environmental Health Perspectives a publié en 2017 une étude montrant « "des associations avec des conséquences développementales ou neurologiques défavorables": augmentation du risque d’autisme, de troubles de la mémoire et de tremblements, (...) ainsi que d’une autre anomalie congénitale grave, l’anencéphalie (absence partielle ou totale de cerveau et de crâne à la naissance). (3) » On n’arrête pas le progrès. L’épidémie de maladies neurodégénératives suit l’empoisonnement du milieu, au point que Parkinson est reconnue maladie professionnelle pour les exploitants agricoles. Aux dernières nouvelles, les métaux lourds - plomb, méthylmercure, cadmium, aluminium, etc - ne sont guère meilleurs pour notre système nerveux. Les enfants risquent déficits de l’attention et troubles du comportement, difficultés d’apprentissage et réduction de QI. N’oublions pas le mercure, responsable avéré de troubles neurologiques tels que la sclérose en plaque, l’autisme et la maladie d’Alzheimer (4), et dont, pour ne parler que de Grenoble, l’usine Arkema de Jarrie a longtemps rejeté en toute légalité 50 à 60 kg par an dans l’air, 20 à 30 kg dans l’eau (5). Heureusement, la mémoire défaillante des voisins leur évite inquiétude et colère.

Après des décennies d’infusion de toxiques chimiques dans l’eau, les sols et l’air, les chercheurs tirent le bilan du progrès : nous voilà plus bêtes que nos ancêtres. La preuve, il est interdit de dire que c’était mieux avant.


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(1) Cf. B. Demeneix, Cocktail toxique. Comment les perturbateurs endocriniens empoisonnent notre cerveau (Odile Jacob, 2017)
(2) Les néonicotinoïdes, tel le Gaucho produit par Bayer, visent des récepteurs fixés sur les neurones.
(3) http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html
(4) Cf. M. Grosman, R. Lenglet, Menace sur nos neurones, (Actes sud, 2011)
(5) Grenoble & Moi, 12/02/09
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Heureusement, l’industrie lourde a cédé la place à l’économie 4.0, dématérialisée, verte et sans odeur. Voire. Rappelons aux futurs Alzheimer que produire et jeter smartphones, ordinateurs et machins électroniques pollue et empoisonne. Aux composants neurotoxiques des cyber-gadgets, ajoutez quelques couches de brouillard électromagnétique pour gagner du réseau, faites bouillir le cerveau et admirez le résultat. Les rats exposés au rayonnement d'un portable pendant 2 heures perdent des neurones (6). Même la technofficielle Agence nationale de sécurité sanitaire admet les « effets possibles des radiofréquences » (et des gadgets connectés) sur les fonctions cognitives et le bien-être des enfants (7). D’où le conseil des fabricants d’éviter les téléphones avant 14 ans, ce qui leur donne bonne conscience et fait bien rire dans les collèges.
L’altération biologique des cervelles constitue la partie évidente du problème. Celle sur laquelle se ruent les amateurs de seuils d’exposition, de normes sanitaires et d’encadrement du désastre (type la Criirem de la députée verte Michèle Rivasi), faciles à contenter une fois les antennes-relais déplacées de leur champ de vision.

Nous ne cessons de le dire depuis plus de 10 ans : les dangers du numérique sont ailleurs (8). La déshumanisation nous menace autrement que le cancer. Après une décennie d’observation, les spécialistes l’admettent : « Nous, professionnels de la santé et de la petite enfance (...) recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à trois ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs. (...) La surexposition aux écrans est pour nous, une des causes de retard grave de développement sur laquelle nous pouvons agir de façon efficace (9). » La rupture du lien entre parents et bébés crée des troubles de type autistique. Les petits d’hommes élevés par des machines ne sont plus des hommes ; l’écran fait écran. Supprimez-le, vos enfants revivront et apprendront à penser.

Quelques années plus tard. Voici les ados accros à leur smartphone. Un tiers des enfants de 10 ans ont un portable. 86 % des 12-17 ans ont un smartphone. 100 % des 18-24 ans (10). Le consultent plus de 200 fois par jour. Dès le réveil, ou en pleine nuit. Ont perdu une heure à une heure trente de sommeil par jour à cause de la « lumière bleue chronotoxique (11) » des écrans et de la cyber-navigation nocturne : désastreux pour les capacités cognitives. En 2016, l’Académie américaine de pédiatrie pointait, entre autres, l’effet « négatif sur les résultats scolaires » de l’usage des « médias de divertissement » pour les élèves qui font leurs devoirs en même temps. Sans blague.

On apprend de la bouche des coupables que réseaux et applis sont conçus pour droguer les cerveaux à la dopamine, l’hormone de la récompense. Nombre de « Like » et de « vues », flux d’« actus », messages et notifications, enchaînement de vidéos, n’ont qu’un objectif : figer les proies devant leurs écrans, en créant « un état de chasse frénétique, qui inhibe les zones du cerveau associées au jugement et à la raison (12) », avoue Nir Eyal, « designer d’application ». Ancien président de Facebook, Sean Parker révèle l’obsession du réseau social : « Comment est ce qu'on absorbe le plus possible de votre temps et de votre attention consciente ? ». Et de se flageller vingt ans trop tard : « Dieu sait ce que ça fait au cerveau de nos enfants (...). Les inventeurs, les créateurs – comme moi, Mark [Zuckerberg], Kevin Systrom d’Instagram et tous ces gens – avions bien compris cela, c’était conscient. Et on l’a fait quand même. (13) » Le cyber-tartuffe est toujours actionnaire de Facebook.


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(6) Revue Environnemental Health Perspectives, 2003
(7) Anses, rapport de juin 2016, « Exposition aux radiofréquences et santé des enfants », https://www.anses.fr/
(8) Cf. Le téléphone portable, gadget de destruction massive, Pièces et main d’œuvre (L’Échappée, 2008)
(9) http://www.alertecran.org/2017/06/02/le ... s-est-deve nue-un-enjeu-de-sante-publique-majeur-tribune/
(10) Baromètre du numérique 2017, Credoc
(11) Claude Gronfier, chercheur à l’Inserm, in Le Monde, 15/03/16
(12) Le Monde, 18/10/17
(13) www.lemonde.fr/pixels/article/2017/12/1 ... e-d-avoir- contribue-a-son-succes_5228538_4408996.html
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Ces voleurs de vie ont inventé la « captologie », inspirée des méthodes comportementalistes, pour modifier le cerveau. Sans cesse stimulé, celui-ci exige toujours plus d’informations. La chute des capacités de concentration, de lecture profonde et de mémorisation est désormais enregistrée par les radars des chercheurs. Même Microsoft informe les publicitaires de la baisse d’attention de leurs cibles : « La concentration à long terme s’affaiblit à mesure que la consommation de contenu numérique, l’utilisation de médias sociaux et le savoir-faire en matière de technologie augmentent (14) ». La capacité d’attention d’un humain de 2017 est paraît-il inférieure à celle d’un poisson rouge (9 secondes), donc « les marques doivent retenir l’attention des consommateurs pour l’emporter sur les autres stimulus. (15) » Sic. Nul besoin de diplôme en psychologie cognitive : il suffit de regarder autour de soi, de se regarder. L’invasion numérique colonise notre for intérieur et nous arrache à nous-mêmes. Ni les stages de méditation ni les cures de « cyber-détox » n’y pourront mais. Réduire à néant notre « temps de cerveau disponible » est un rêve totalitaire. Rien de mieux pour le pouvoir qu’une foule amorphe, dont les réflexes conditionnés par les impulsions machiniques remplacent la réflexion et la relation sensible au monde.

L’exposition aux écrans passe aussi par l’école. Inutile de protéger vos enfants à la maison, leurs enseignants les acclimatent dès le plus jeune âge à la cybersphère, leur nouveau milieu. Finis les langues et textes anciens, les penseurs classiques et leur vision du monde (la « diversité », il y a des limites), place aux cours sur Youtube et au code informatique. Le mépris pour les humanités produit, lui aussi, ses effets. D’après les études « Pisa » (aussi critiquables que le QI, mais dont l’évolution est signifiante), les jeunes cervelles déchiffrent de moins en moins bien, perçoivent mal les liens de causalité et l’implicite dans les textes. Les enseignants quant à eux notent les progrès de la maladresse dans la graphie, des difficultés de concentration et de raisonnement. La Finlande a supprimé l’apprentissage de l’écriture cursive en 2016, trois ans après la décision similaire de 45 États américains. Parmi lesquels 14 ont changé d’avis en 2017. Une chercheuse américaine : « Nous avons constaté que les élèves, jusqu’à la classe de sixième, écrivaient plus rapidement, avec plus de mots, et exprimaient plus d’idées s’ils écrivaient à la main plutôt qu’avec un clavier (16) », et un de ses collègues : « Les étudiants qui prennent des notes sur les ordinateurs portables sont ceux qui ont obtenu les pires résultats sur les questions conceptuelles... (17) » Encore un scoop. On attend les protocoles de recherche qui valideront scientifiquement les effets des « émoticônes » sur la richesse du vocabulaire et l’élaboration conceptuelle.


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(14) Microsoft Canada, « Capacité d’attention. Approche client », printemps 2015
(15) Idem
(16) http://m.slate.fr/story/149070/prendre- ... lus-jeunes
(17) Idem
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En 2000, 2004 et 2008, les enseignants du collectif Sauvez les lettres ont fait passer à 1348 élèves de seconde l’épreuve de français du brevet des collèges 1976 (dictée et questions). On vous épargne le vertige devant les résultats (confirmés par des études plus récentes (18)). Commentaire des profs : « ces élèves (...) se montrent incapables d’accorder ce qui précède avec ce qui suit, témoignant ainsi d’une véritable infirmité logique (19) ». Pour la logique, il y a des applis, maintenant.
Bref, le niveau monte. L’école n’offre plus les outils pour la construction d’un esprit critique, mais des compétences en vue de débouchés. Ne forme plus des cerveaux agiles, capables y compris de démonter le contenu de son enseignement, mais des esprits-rouages adaptés aux exigences du monde-machine. Tous les espoirs sont permis, puisque le ministre Blanquer de l’Éducation nationale a confié la réflexion sur l’avenir de l’école aux neurosciences. Des expériences sont en cours. Un exemple ? « Pour optimiser les espacements des réapprentissages pour chaque élève spécifiquement, [l’« application de mémorisation »] ANKI utilise l’algorithme universel de l’oubli et rend très efficace la technique des reprises à rythme expansé. ANKI s’utilise sur un outil propre à chaque élève (son smartphone, sa tablette, son ordinateur à la maison). Un tutoriel et des conseils d’utilisation sont disponible (sic) sur le site sciences‐cognitives.fr (20) ». On progresse en effet, à l’image de ce technolâtre expert en « psychologie de l’enfant » comparant les médecins formés aux organes qu’ils soignent et les professeurs utilisant les neurotechnologies pour enseigner les cerveaux (21). Au temps pour ceux qui croyaient élever (et soigner) des humains.

Ce n’est pas tout. Nos cerveaux subissent aussi la tyrannie du « bien pratique ». Recevoir des alertes pour ses rendez-vous, c’est tout-de-même bien pratique. Obéir au GPS pour trouver son chemin, idem. Demander à son assistant de vie électronique de se souvenir, de traduire, calculer, organiser, suggérer, comparer, réserver : trop pratique. Et vous, que faites-vous pendant ce temps ? Vous désapprenez. Vous vous dépouillez de vos savoirs et savoir-faire. Vous vous rendez vulnérables – ô combien – en croyant, comble de la bêtise, être plus efficaces. Attendez la coupure de réseau ou d’électricité. Les prothèses électroniques rendent stupides les humains qui leur délèguent leurs facultés. Quelle surprise. Comme si la voiture et les ascenseurs nous avaient rendus sveltes et musclés.

Tandis que les malfaiteurs de l’humanité spécialistes de l’« intelligence artificielle » se délectent des performances exponentielles de leurs machines, les entraînent, leur concoctent des programmes d’apprentissage profond et rêvent du jour où elles sauront faire des liens pour nous surpasser, les humains fascinés par la puissance machinique deviennent toujours moins capables. Se périment eux- mêmes, par lâcheté, paresse et fascination. De plus en plus semblables à ces abeilles victimes de la société neurotoxique, incapables de retrouver leur ruche.
Pour rester au niveau de l’intelligence artificielle, les transhumanistes ont une solution : augmenter notre intelligence par l’hybridation avec des machines. Elon Musk, patron de Tesla (voitures sans chauffeur) et de SpaceX (fusées), a créé Neuralink, une boîte destinée à connecter nos neurones à l’intelligence artificielle. Facebook travaille à un dispositif capable de transcrire nos pensées sur ordinateur par « télépathie ». Le neurochirurgien grenoblois Alim-Louis Benabid a co-fondé Clinatec, une clinique qui teste des nano-implants neuroélectroniques et des interfaces cerveau-machine. Il ne serait pas contre l’« augmentation » électronique du cerveau : « On n’est pas tous intelligents de la même façon », dit-il à Sciences & Avenir. « En quoi serait-ce gênant si on stimulait [le cerveau, NdA]. A-t-on peur de rendre... l’autre plus intelligent ? De propulser le QI ? (22) »
Les dispositifs de « neuro-amélioration » (interfaces cerveau-machine, casques de stimulation magnétique transcrânienne, smart drugs) font déjà recette auprès de hackers, d’étudiants, de cadres super-compétitifs, sans oublier les militaires. « Après avoir veillé 30 heures, je me suis branché 30 minutes sur une pile 9 volts avec deux électrodes en gel et j’ai fait ensuite un test de réactivité, j’ai obtenu 15 % de plus (23) », s’électrise le « biohacker cérébral » français Vincent Corlay.

La machination du biotope humain – devenu un technotope – détruit les facultés humaines. Cette invasion nous impose la défense concrète et prioritaire de nos capacités mentales. Pour rester humains, nous devons nous concentrer, penser par nous-mêmes, restaurer et préserver nos possibilités de comprendre ce qui nous arrive, de le critiquer pour y pouvoir quelque chose.

Créons la mère de toutes les ZAD : la ZAD de nos cerveaux. Zones à défendre, à cultiver, à activer.

Pièces et main d’œuvre
Grenoble, le 14 février 2018 www.piecesetmaindoeuvre.com



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(18) Voir celles de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, www.education.gouv.fr/ (19) www.sauv.net. Voir aussi l’Appel de Beauchastel, des profs contre l’école numérique, sur www.piecesetmaindoeuvre.com
(20) « Pistes d’applications des sciences cognitives dans les pratiques pédagogiques », sciences-cognitives.fr
(21) Olivier Houdé sur France Inter, 10/01/18
(22) Sciences et Avenir, 29/06/17
(23) makery.info, 1/03/16